Le Kremlin a fustigé la décision du président américain Joseph Biden de livrer une trentaine de chars Abrams à l’Ukraine, estimant qu’elle démontrait la participation directe des Etats-Unis, malgré leurs dénégations.
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov n’a pas manqué de réagir ce 26 janvier à l’annonce faite la veille par le président américain Joseph Biden de la livraison prochaine de 31 chars Abrams à Kiev, dans la foulée de la décision de l’Allemagne de fournir des chars Leopard aux forces ukrainiennes.
Les livraisons de chars lourds démontrent l’engagement «direct» de l’Occident, juge Peskov
«Les capitales européennes et Washington ne cessent de déclarer que l’envoi de divers systèmes d’armes, notamment de chars, en Ukraine ne signifie en aucun cas que ces pays ou l’OTAN soient impliqués dans le conflit», a relevé le porte-parole de la présidence russe. Une affirmation avec laquelle il a indiqué être en complet désaccord. Au contraire, «Moscou considère tout ce que font l’Alliance [atlantique] et la capitale susmentionnée comme une implication directe dans le conflit», a déclaré Dmitri Peskov lors d’une conférence de presse.
Après des semaines d’hésitations, les Etats-Unis ont emboîté le pas à l’Allemagne en annonçant la livraison de chars lourds à l’Ukraine, traduisant un soutien occidental accru à Kiev, deux semaines après l’annonce par les mêmes pays de l’envoi de blindés légers. Selon les mots de Joe Biden, l’envoi d’une trentaine de chars lourds ne constituerait pas «une menace offensive contre la Russie», mais matérialiserait l’engagement «durable et inlassable» des Etats-Unis auprès de Kiev. «Nous serons aux côtés de l’Ukraine tant qu’il le faudra», a insisté le dirigeant démocrate dans un message publié sur Twitter.
Même tonalité à Paris : «Ni la France, ni aucun de ses partenaires, ne sont en guerre contre la Russie», a affirmé ce 26 janvier le ministère français des Affaires étrangères.
«Nous ne sommes pas en guerre avec la Russie et aucun de nos partenaires ne l’est», a déclaré la porte-parole du Quai d’Orsay Anne-Claire Legendre, lors d’un point de presse. Selon la diplomatie française, «la livraison d’équipements militaires dans le cadre de l’exercice de sa légitime défense […] ne constitue pas une co-belligérance».
Le 25 janvier, l’ambassadeur de Russie en Allemagne a mis en garde Berlin contre les conséquences de ces livraisons de chars, une décision «extrêmement dangereuse» qui «amène le conflit à un nouveau niveau de confrontation». Pour le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, les chars lourds envoyés à Kiev par plusieurs pays «à un moment critique de la guerre» pourraient «aider l’Ukraine à se défendre, à vaincre et à l’emporter en tant que nation indépendante».
Depuis le début de l’«opération spéciale» – que Kiev et ses alliés dénoncent comme une guerre d’invasion – , la Russie condamne les livraisons d’armements aux autorités ukrainiennes. En juin 2022 par exemple, le président russe Vladimir Poutine avait accusé les pays qui fournissaient du matériel à l’Ukraine de n’avoir «qu’un seul but : faire durer le conflit armé autant que possible». Plus récemment, en décembre, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov déclarait : «Les livraisons d’armes se poursuivent, l’assortiment des armes fournies s’élargit», ce qui induit que «le conflit s’aggrave et n’augure rien de bon pour l’Ukraine».