Plus de dix jours après l’annonce par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) de la levée partielle de certaines sanctions contre les Etats dits du Sahel, aucune réaction officielle de ces derniers n’a filtré jusqu’ici. Réunis à Abuja au Nigeria, les chefs d’Etat de l’organisation sous-régionale avaient décidé, pour des « raisons humanitaires » et « religieuses », de suspendre le blocage des transactions financières et bancaires, du blocus énergétique et le retour des vols commerciaux dans son espace aérien. Ils ont par ailleurs adressé une invitation aux dirigeants du Burkina Faso, de la Guinée et du Mali, autres pays de la sous-région dirigés par des militaires et aussi sanctionnés, à prendre part aux prochaines sessions de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cédéao. Avant d’exiger en retour au nouveau pouvoir au Niger la libération sans délai du président Mohamed Bazoum et son épouse, aux arrêts depuis le coup d’Etat du 27 juillet 2023.
Depuis lors, silence radio du côté du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Si au sein de la population qui a payé le lourd tribut de ces sanctions, c’est un soulagement ce dégel partiel n’émeut pas pour autant les dirigeants militaires déterminés à persévérer dans leur logique de quitter de la Cédéao. Réunis au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES) encore appelé Liptako-Gourma qui est un pacte de défense mutuelle signé le 16 septembre 2023, les trois pays n’entendent plus reculer. Les conclusions du dernier sommet de la Cédéao ne semblent avoir aucun impact sur la volonté du capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso, des généraux Assimi Goïta du Mali et Abdourahaman Tiani du Niger de poursuivre paisiblement leur projet de mise sur pied d’une fédération avec une monnaie commune. Cette radicalisation est davantage renforcée par le manque de confia…