Alors que les périls se font de plus en plus menaçants, une certaine intelligentsia africaine ne trouve guère mieux que d’user de la rengaine nationaliste afin de servir une cause qui, en réalité, n’en est pas une. Ils sont activistes, pseudo-journalistes, géopoliticiens (soi-disant) ou encore simple analystes, mais sont pour la plupart, incapables de proposer des débuts de solutions aux problèmes des populations. Ils écument bien des réseaux à travers la toile et les médias, et les jeunes ne cessent de s’abreuver à leur source pensant détenir les prémices d’une révolution qui fera rentrer leur pays de plain-pied dans le cercle des pays qui comptent.
Cécité intellectuelle, hystérie collective ou manipulation délibérée d’une masse pas assez outillée pour comprendre une situation qui est pourtant d’une relative simplicité ? Peut-être qu’il s’agit d’un mélange de tous ces éléments. Lorsque l’on a la chance d’être lettré dans un environnement où le taux d’alphabétisation est bas, il est un devoir moral d’utiliser son intellect afin d’éclaircir la lanterne de tout un chacun. Mais, il est très regrettable de constater que nombres de frères africains, ne jouent pas ce rôle et préfère suivre une voie sans issue, celle de la dénonciation outrancière baignant dans une sorte de rejet de l’autre frisant parfois un racisme aux relents suprémacistes.
Il ne s’agit pas de faire preuve d’un manque de caractère et de courage politique face aux injustices d’un monde où la raison du plus fort est toujours la meilleure. Mais surtout de faire face aux réalités internes, et de tenter de trouver des solutions par la force de sa pensée, de sa réflexion tout en s’inspirant des modèles de réussites d’ailleurs. Car oui, l’on peut bien être soi-même, bien imprégné de son identité et se tourner résolument vers la modernité. Quelles solutions pour un système de santé efficace, pour un appareil sécuritaire performant, pour faire face au déficit énergétique, au défi environnemental, et tant d’autres ? Mais non, il semblerait que tous les maux dont on souffre soit l’œuvre de puissances étrangères malveillantes qui voueraient une haine viscérale et éternelle envers l’homme noir. Il n’est pas faux que l’Afrique est parfois victime d’une mise au ban, mais le respect s’arrache comme l’on le dit.
Et justement que fait-on pour cela ? Jouer la carte de la victimisation est inefficace. Le maitre-mot est le travail encore et encore, dans l’abnégation, avec courage et opiniâtreté. Cela se fera au prix de nombreux sacrifices tout en faisant preuve d’inventivité mais aussi de flair. Tout le contraire du flot de sentiments négatifs que prêchent ces ‘’intellotistes’’ qui ne proposent quasiment jamais. Le modeste paysan n’a que faire des enjeux géopolitiques qui le dépassent ou encore de questions économiques complexes. Il a surtout besoin de moyens afin qu’il puisse cultiver sa terre et qu’il en récolte un nombre satisfaisant de bénéfices. Idem pour la pauvre dame qui se trouve dans un village isolé et qui doit accoucher très prochainement ou encore pour le jeune garçon qui doit marcher plus de 20 km par jour afin de se rendre en classe.
Sont-ils, ces ‘’intellotistes’’, au fait des réalités profondes de nos pays ? Que proposent-ils concrètement pour tenter de trouver un début de solutions (pertinentes et logiques) aux problèmes qui assaillent les populations ? Et surtout, ne doivent-ils pas ajouter la corde de la dénonciation des mauvaises pratiques de la corruption et du vol à leur arc ? Des manques à gagner qui seraient d’une grande utilité dans nombres de secteurs.
Ahmed M. Thiam