Exilé depuis 5 ans en Europe, Soro Guillaume est désormais sur le continent africain, plus précisément à Niamey, au Niger. Après un périple long, instable et insaisissable, qui l’a conduit à Bruxelles, à Paris ou encore à Istanbul, où il dit avoir «échappé» à une tentative «d’extradition» vers Abidjan. Depuis Niamey, désormais son lieu de résidence, Soro ne cache pas son intention de rentrer dans son pays. Une situation qui hante en Côte d’Ivoire, à deux mois la Coupe d’Afrique des Nations.
L’itinéraire de l’homme qui a été l’un des artisans, de la prise de pouvoir du président Alassane Dramane Ouattara, en 2011, fait peur dans la capitale ivoirienne.
Depuis son accueil par les militaires au pouvoir au Niger, l’actualité en Côte d’Ivoire est dominée par Guillaume Kigbafori, en exil depuis 5 ans. Condamné à perpétuité par la Cour d’assises d’Abidjan, pour les chefs d’accusation d’«atteinte à la sûreté nationale», «complot», et «tentative d’atteinte à l’autorité de l’Etat», le président du Génération Peuple Solidaire (GPS) est désormais proche de son pays.
Un passé «encombrant» pour le «présent »
Soro Guillaume fut ministre en Côte d’Ivoire, Premier ministre, président de l’Assemblée Nationale, leader incontesté du RHDP, le parti au pouvoir. Cependant, son CV laisse des traces de leader estudiantin, au passé encombrant. Sachant manier arme à feu et machette, Soro Guillaume ne s’en est pas caché dans le passé. Il est celui même, qui au comble de la crise ivoirienne en 2010, a dirigé la rébellion, mobilisé ses hommes pour contribuer à la chute de Laurent Gbagbo, au profit de Alassane Dramane Ouattara. Si l’histoire peut retenir une évidence, c’est qu’il fut l’un des stratèges et des managers du coup de force ayant permis l’installation d’Alassane au pouvoir en Côte d’Ivoire. Mieux que quiconque, ADO connaît l’homme pour avoir fait partie de son cercle restreint, lors de la crise ivoirienne. Mais l’exercice du pouvoir aura fait évoluer leurs relations autrement.
Ainsi, depuis qu’il est annoncé au Niger, l’ex-rebelle en chef est désormais proche de son pays, pour ne pas dire «proche» du pouvoir. Il est proche du pouvoir dans les deux sens. Car Soro ne compte pas rentrer, pour suivre à la télé l’animation de la scène politique ivoirienne, mais pour briguer la présidence de la république. Il n’a d’ailleurs, jamais caché son intention de diriger un jour la Côte d’Ivoire, mais encore faut-il être au pays pour gérer le pays. Il veut rentrer en Côte d’Ivoire. Deuxièmement, Soro est proche du pouvoir en place, donc proche de la capitale ivoirienne et des autorités. Une menace qui ne dit pas son nom.
Acteur pour la “Reconciliation”ou “ombre” sur la CAN ?
La Côte d’Ivoire s’apprête à accueillir la CAN, un moment de forte concentration. L’ombre de SKG pèsera-t–elle sur cette fête africaine ? Voilà l’interrogation depuis son arrivée sous le sol nigérien. Si en Côte d’Ivoire, il n’y a pour le moment aucune réaction officielle, sur le sujet, la presse en parle cependant. Les influenceurs, les chroniqueurs en font leur chou gras. Il est tantôt un compatriote «adulé» dont le pays a «besoin», tantôt un «perturbateur» qui est « encombrant», pour le pouvoir en place.
De toute évidence cependant, Soro a sa place en Côte d’Ivoire. En prison, pour purger sa peine à «perpétuité» ou pour bénéficier d’une grâce présidentielle afin de contribuer à la réconciliation, de toutes façons il aura une place chez lui.
Difficile reconversion
Son nom reste associé aux prises d’armes. Dans une vidéo enregistrée récemment, SKG n’a tout rien perdu de sa dextérité de parole, du ton et de son verbe. Son discours fait tout de suite réfléchir. L’homme a-t-il des comptes à régler avec quelqu’un? Ou serait-il nostalgique du coup d’Etat?
De tout cas de figure, même si ses intentions peuvent être bonnes et son apport conséquent pour contribuer au développement de son pays, il n’a jamais caché son ambition présidentielle, scellée semble-t-il dans le passé avec ADO, qui devait lui faire une passe décisive du pouvoir. Ce qui n’a pas été fait. Et le but n’est pas atteint pour Soro. De toutes les façons, la Côte d’Ivoire se trouve en de bonnes voies sur le plan économique. L’essor est incontestable, même si les conditions sociales restent encore précaires, à cause de la vie excessivement chère.
Ousmane Tangara