Elles concernent les prix d’achat de base du coton graine et des engrais minéral et organique. De bonnes nouvelles pour les producteurs qui sont en train de se préparer pour la campagne agricole
Le prix subventionné du sac de 50 kg de l’engrais minéral est fixé à 15.000 Fcfa pour le système coton et 14.000 Fcfa pour les autres zones de production
Présidant, hier à Koulouba, la 13è édition du Conseil supérieur de l’agriculture qui marque le lancement officiel de la campagne agricole 2023-2024, le chef de l’État, le colonel Assimi Goïta, a annoncé des mesures fortes pour le monde agricole. Le prix d’achat de base du coton graine (1er choix) au producteur est fixé à 295 Fcfa/kg.
Et, au titre de la précédente campagne, l’État débloquera près de 10 milliards de Fcfa pour la prise en charge des crédits des intrants sur les superficies perdues de coton suite à l’attaque des jassides et les inondations. En plus, le président du Conseil a décidé que la quote-part de l’exploitant agricole dans le prix subventionné du sac de 50 kg de l’engrais minéral s’élève à 15.000 Fcfa pour le système coton et 14.000 Fcfa pour les autres zones de production. La quote-part de l’exploitant dans le prix subventionné du sac de 50 kg de l’engrais organique est fixée à 3.000 Fcfa.
Ces annonces ont été bien accueillies par les acteurs de la profession agricole, notamment le président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (Apcam) qui a pris part à cette session aux côtés du Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga et de plusieurs membres du gouvernement dont celui en charge de l’Agriculture, Modibo Keïta. Cette rencontre, bien ancrée dans l’agenda présidentiel depuis des années, revêt une importance particulière. Elle est, en effet, une occasion privilégiée de partager les préoccupations du monde rural, faire une évaluation de la campagne passée et donner les grandes orientations pour les actions futures.
Au-delà, le contexte dans lequel intervient cet exercice lui donne une dimension stratégique. «Un peuple ne peut prétendre à sa souveraineté s’il ne peut se défendre et s’il a faim. Cela montre le rôle stratégique que doit jouer notre agriculture pour lutter contre l’insécurité alimentaire, la malnutrition et asseoir son indépendance alimentaire», a soutenu le président de la Transition.
Pour lui, notre capacité actuelle de production agricole et le génie des Maliens ont fait notre force face au dessein funèbre pensé contre notre pays par la Cedeao. À cette situation s’étaient greffées des contraintes telles que les coûts élevés des intrants et leur disponibilité tardive sur le territoire national, l’insécurité et l’invasion massive des nuisibles.
«Malgré ces difficultés, les résultats de la campagne ont été globalement jugés satisfaisants», s’est félicité le colonel Assimi Goïta. Toutefois, a-t-il dit, «nous devons encore faire davantage car les grands défis restent toujours en face». Il faisait ainsi allusion à la faible mécanisation des systèmes de production, la baisse des rendements, liée à l’irrégularité des pluies et la pauvreté des sols, l’insuffisance de l’alimentation du bétail, les menaces de maladies animales…
RÉFORMES ENGAGÉES- Ces défis fondent l’ambition du colonel Assimi Goïta à moderniser notre agriculture. D’où ces recommandations qu’il a formulées pour la campagne 2023-2024 : opérationnalisation du programme spécial de promotion de certaines productions céréalières en vue de réduire notre dépendance des importations, maintien de la subvention en faveur des producteurs de céréales et de coton, des éleveurs et des pisciculteurs.
Sur ce point, le chef de l’État a décidé que l’État prenne en charge les crédits des intrants sur les superficies perdues de coton suite à l’attaque des jassides et les inondations au titre de la campagne 2022-2023. Coût de cette mesure salutaire : près 10 milliards de Fcfa.
Le président Goïta a aussi décidé que le prix d’achat du kg de coton graine (1er choix) au producteur soit fixé à 295 Fcfa. Ce n’est pas tout. L’affectation de 10% de la production de graine de coton aux délégués agrées pour l’alimentation du bétail est maintenu.
Par ailleurs, le président de la Transition a invité le ministre du Développement rural à poursuivre les réformes engagées en matière de suivi de la distribution des intrants agricoles pour l’assainissement du système. Le département devra également poursuivre la création des pôles de développement agropoles, accélérer l’installation des commissions foncières, assurer la bonne couverture vaccinale du cheptel et le développement de la pisciculture.
Dans une présentation, le ministre en charge de l’Agriculture a évoqué les contraintes identifiées lors de la campagne précédente. Et à ces contraintes, l’État a mis à la disposition des exploitants des solutions à la production.
Par exemple, pour la production végétale, 93.048 tonnes d’engrais et de semences ont été mises à disposition de plus de 300 mille exploitants. La quantité d’aliment bétail fournie est de 3.177,9 tonnes contre 34.747.200 doses de vaccin.
Le président de l’Apcam, Sanoussy Bouya Sylla, a salué les efforts du gouvernement à travers les sommes importantes mobilisées dans le cadre du financement des intrants agricoles. Et dans le souci d’une plus grande efficacité de l’impact de ces ressources sur la production agricole, il a suggéré au gouvernement de prêter une attention particulière à la proportion des engrais minéraux qui produisent une plus grande productivité à l’hectare.
Il a estimé qu’un changement de paradigme doit être envisagé dans la gestion de la subvention des intrants agricoles, avec l’implication de toutes les parties prenantes.
Issa DEMBELE