Arrêtés suite à une plainte déposée par la direction de la Caisse de sécurité sociale (CSS) à la Section de recherches (SR) de la gendarmerie de Colobane pour détournement de 1,8 milliard de francs CFA, T. Bop et M. Sow, respectivement, délégataire comptable à l’agence de Plateau et caissier à l’agence Wiltord de Colobane, ont été interrogés sous le régime de la garde à vue.
Le second a reconnu sans ambages les faits à lui reprochés, rapporte Libération. Ainsi, il a expliqué « qu’étant chargé d’approvisionner la caisse, il avait remarqué qu’à chaque fois qu’il le faisait, le sieur Bob, chargé de faire entrer les données comptables, y retranchait toujours des montants qu’il ne retraçait pas dans la base de données. »
Le mis en cause soutient face aux gendarmes-enquêteurs qu’il n’a pas manqué d’interpeller son acolyte. Ce dernier lui a fait savoir, dit-il, « que s’il ne le faisait pas, la hiérarchie le ferait et en profiterait, sûrement à leur grand dam ». C’est depuis cette date «qu’ils ont commencé à magouiller ensemble », relate le caissier. Qui ajoute que son complice lui avait assuré de « l’intraçabilité de leurs opérations » et montré « des preuves écrites de malversations incriminant leurs supérieurs ». Sow estime avoir perçu, grâce à ses manœuvres frauduleuses, près de 150 millions.
Entendu à son tour, Bop déclare que « c’est en 2020 qu’il a pris service à l’agence Wiltord de Colobane et son travail consistait d’une part à procéder à des retraits d’argent des comptes de la CSS ouverts dans plusieurs banques classiques, en l’occurrence la Société générale (Sgbs), la Banque de Dakar (Bdk) et la Banque Islamique du Sénégal (Bis) ; d’autre part à procéder, après lesdits retraits, au palement des allocations familiales. »
« L’idée lui est venu, développe le comptable, de profiter de ces importantes et récurrentes transactions financières qu’il menait pour le compte de la Css pour redynamiser son entreprise [Transport holding bob], en détournant avec la complicité de Sow son caissier attitré au profit de qui il enregistrait toujours les chèques d’alimentation, des fonds d’un montant avoisinant la somme de 500.000.000 de francs Cfa qu’il se partageait avec son acolyte. » Le comptable confesse «avoir utilisé cet argent pour acquérir, au profit de son entreprise, des camions et des bus ainsi que des parcelles de terrains a Bambilor, Ndiakhirate et Keur Ndiaye Lô. »
Maintenant ses accusations contre sa hiérarchie, il balance, repris par le journal, que « la Cour des Comptes a mis au jour leur gérance scandaleuse en 2014 » mais, « le rapport a été mis dans les tiroirs ». Ainsi, « aucune suite n’en fût réservée » alors que les montants en cause sont « plus importants ». D’ailleurs, se dédouane-t-il, «c’est cette impunité qui l’a motivé à les imiter».