Le département de Bignona comme plusieurs localités du pays, est confronté à la gestion du foncier. Fort de ce constat, le Bureau exécutif d’Amnesty Sénégal a regroupé les maires et les chefs de village pour les sensibiliser sur la gestion du foncier dans le plus grand département de la région de Ziguinchor. C’était en présence du préfet et des sous-préfets.
Les participants ont eu droit à une présentation sur la problématique de l’accès au foncier pour une meilleure connaissance des lois, des domaines publics et privés de l’État, les procédures d’affectation et de désaffectation des terres, entre autres. Le responsable du bureau des Domaines de Ziguinchor, El Hadj Diop, a fait savoir que tous les problèmes liés au foncier découlent de « la méconnaissance de la loi, mais que les populations doivent s’approprier ces lois ».
Pour lui, cette loi sur le domaine nationale est démocratique. « La loi de 64 qui régit le domaine national permet une démocratisation de la terre », a-t-il indiqué. C’est-à-dire faire en sorte que la terre soit accessible à tout le monde.
Sur la question des affectations des terres du domaine national à l’origine de la plupart des problèmes fonciers, M. Diop précise que ces terres ne doivent pas faire l’objet de vente. Les populations doivent savoir que les terres du domaine national ne peuvent pas faire l’objet d’un héritage.
En somme, on ne peut pas être propriétaire en tant qu’héritier d’un terrain du domaine national. Si un terrain du domaine national a été affecté a un tiers, à son décès, les héritiers doivent se présenter à la commune affectataire pour demander une affection en leurs noms pour ne pas être sous le coup de la jurisprudence consacrée à ce cas.
Durant trois jours, maires et chefs de village de Bignona vont être outillés sur ces différents aspects liés à la gestion du foncier.
Pour le directeur exécutif d’Amnesty Sénégal, le but de ces séances de sensibilisation et d’information est de « faire en sorte que les conflits fonciers puissent se résoudre de façon pacifique, sans qu’il y ait recours à la violence ». Et pour ce faire, il faut que les communautés connaissent la législation, de même que les collectivités territoriales (élus).
Seydi Gassama a exhorté les nouvelles autorités étatiques à diligenter leurs visions pour le monde rural. « Il faut que les paysans aient des titres de propriété. Il faut qu’on opère des réformes dans ce pays pour que chaque famille, chaque communauté aient un bail. Chaque famille, chaque communauté ait un titre foncier ».
Selon le directeur exécutif d’Amnesty Sénégal, ces titres de propriété peuvent être utilisés par ces communautés pour avoir des prêts bancaires et aller vers la modernisation de leur agriculture. « Le Sénégal ne connaitra pas l’autosuffisance alimentaire, en comptant sur les gros investisseurs », a fait savoir M. Seydi.
De plus, pour la gestion du foncier, « il faut aller au-delà d’une commission de réformes. Il faut même aller vers les assises du foncier où les communautés, les collectivités territoriales, l’État et la société civile se retrouveront pour définir ce que nous voulons en matière de politique foncière ».
Cette vision en matière de politique foncière doit être accès vers le renforcement des petits producteurs ruraux, a indiqué M. Gassama. Ces derniers doivent avoir accès aux titres de propriété, avoir droit aux crédits garantis par l’État, s’il le faut, afin d’investir pour produire 12 mois sur 12 pour sortir la grande majorité des populations, surtout du monde rural, de la misère.