Les appréhensions sur la participation ou le comportement des nouvelles régions à la Biennale artistique et culturelle de Mopti ont été entièrement dissipées au fil de la compétition. En effet, après Bandiagara, Koutiala, Nioro et Dioïla, la troupe de San, pour sa première mercredi dernier, a aussi particulièrement émerveillé le public.
Le solo de chant de la région traite de la guerre de positionnement, des conflits liés à la terre et d’autres problématiques. D’abord l’orchestre moderne, composé de jeunes musiciens et interprètes, a donné le ton avec une grande maîtrise des instruments, de la scène et une belle harmonie dans l’orchestration. La troupe de San a prouvé par une prestation de belle facture qu’elle est venue conquérir le graal, mais aussi qu’il fallait compter avec elle pour les prochaines éditions. Leur premier morceau est intitulé : « Le Mali kura » se veut un appel à nos compatriotes à accompagner la Transition.
« Nous les enfants du Mali, donnons-nous la main pour que ce nouveau puisse réussir », explique la chanson. Le deuxième morceau à thème de l’orchestre est «Danbé bè anw na». Il exalte la fierté et la dignité maliennes qui sont les choses les mieux partagées par nos ethnies. C’est un morceau qui sensibilise les Maliens sur le devoir de servir la nation et la nécessité de se mettre débout sur les remparts face à l’énneni. La chanson stimule le peuple pour la souveraineté retrouvée.
Dans le chœur, dont le titre est évocateur : « Anwbe ben de ko », autrement dit nous parlons de paix et cohésion sociale entre les Maliens. Les présidents Modibo Keïta, Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré, Ibrahim Boubacar Keïta et l’actuel président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, ont tous prôné la paix et la réconciliation entre les fils de ce pays.
Les Maliens n’ont pas besoin de guerre, ni de division mais plutôt de paix et d’entente. Les artistes de San estiment que du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, tout le monde œuvre pour la paix et le vivre ensemble. Toutes les ethnies doivent se donner la main pour qu’ensemble, nous puissions bâtir un Mali unis et fort. Surtout sans guerre, sans racisme, sans distinction de religion, ni de culture.
La catégorie danse traditionnelle, « Pevoun » ; une danse rituelle proposée par la région, se fait vers la fin de l’hivernage pour pallier le déficit de pluie. Elle est suivie d’une pêche collective organisée par le village et au bord d’une mare. Ensuite, les jeunes garçons et filles qui sont initiés font le tour du village en dansant au son des tambours, des tam-tams et des chants. La chanson et la danse, réservées aux seuls initiés, sont commandées par les sages du village. Cette vieille pratique rituelle consiste à exprimer à travers les chants les voeux de bonnes récoltes dans la paix et la quiétude. Souvent, après cette danse, le village est arrosé par la pluie.
« Djôrônakô » ou l’inquiétude est le titre du solo de chant. Elle est l’expression d’une inquiétude réelle. Elle traite de la guerre de positionnement politique, des conflits fonciers, des cours pour le gain facile et des jeux d’intérêt au détriment de nos valeurs ancestrales. Aujourd’hui, bon nombre de maux de notre société tels que l’insolence et l’entêtement de la nouvelle génération, la course au gain facile au détriment du travail bien fait, le manque de dignité, etc… Un cri de cœur qui interpelle tout le monde pour la bonne éducation des enfants, la lutte contre la drogue, la construction de l’édifice national et le sursaut national.
« Maliba » de l’ensemble instrumental invite à la reconstruction citoyenne et à la cohésion sociale, c’est un morceau qui peint le Mali dans sa diversité culturelle et dans sa laïcité. Il retrace que le Mali est héritier des grands empires. L’agriculture, l’élevage et la pêche sont des activités principales sur lesquelles ce pays puise ses valeurs et son fondement. En fait, c’est un beau pays dont l’hospitalité et le vivre ensemble ont toujours été cités en exemple par les autres. Mais depuis quelques années, un vent de panique souffle sur le pays, mais qui va sûrement passer.
Quant à la pièce de théâtre intitulée : «Quatre hectares», il traite d’un conflit foncier entre deux villages voisins. Enfin, le ballet à thème : « Conflit agriculteurs/terroristes ». Les agriculteurs ont été agressés dans leurs champs par des terroristes. Des rescapés rejoignent le village pour passer l’information sur les atrocités des terroristes.
Les villageois portent main forte aux rescapés pour ramener les blessés graves au village. Informés de cette lâcheté des ennemis de la patrie, les militaires engagent un farouche combat pour extirper le village des griffes des terroristes. Et après la libération du village, le drapeau malien a été planté au cœur du village pour fêter le retour de la souveraineté.
Envoyés spéciaux
Youssouf DOUMBIA
Amadou Sow
Oumar DIOP