Bannir les maladies qui accompagnent l’âge avancée, tel est l’objectif que se propose la science, explique à Sputnik Olga Tkatcheva, gériatre senior indépendante au sein du ministère russe de la Santé.
L’espérance de vie a augmenté de 30 ans au cours du siècle dernier grâce à l’avancée de la médecine et l’amélioration de la qualité de vie, rappelle-t-elle. « Il faut maintenant passer à la gestion du vieillissement ».
« Nous ne devons pas nous contenter d’augmenter l’espérance de vie. Nous devrions viser à vivre plus longtemps, en meilleure santé et sans maladies liées à l’âge », note la spécialiste en gériatrie.
Le vieillissement, c’est quoi au juste
« Il existe environ 300 théories de vieillissement, mais elles peuvent être divisées en deux grands groupes », explique Olga Tkatcheva.
Selon le premier, le vieillissement est un processus programmé. Il est inévitable, « la question est juste de savoir à quelle vitesse et comment nous pouvons l’influencer ».
La deuxième école considère le vieillissement comme une accumulation d’erreurs: corrigées par le corps au long de la vie, elles deviennent trop nombreuses à un moment donné. « Il en résulte le développement de maladies liées à l’âge et le processus de vieillissement se met en place ».
« Douze mécanismes du vieillissement ont été découverts et prouvés, deux autres sont encore à l’étude. Ils nous indiquent les cibles, c’est-à-dire les points sur lesquels il faut agir pour ralentir le vieillissement », poursuit la gériatre.
La santé, c’est la responsabilité de chacun
L’espérance de vie ne cesse d’augmenter, mais pas la longévité qui est fixée à la barre de 122 ans, constate la spécialiste.
Selon elle, « pour faire une percée dans ce domaine et augmenter l’espérance de vie maximale, il est probablement nécessaire de développer des technologies de thérapie par génie génétique et de médecine régénérative ».
Cependant, elle relativise les avantages du progrès car même s’il aidera à vivre une vie longue et active, « il faut que chacun comprenne que personne ne gardera sa santé pour lui: n’arrêtera pas de fumer, ne fera pas d’exercice, n’adoptera pas une alimentation saine et n’ira pas chez le médecin ».
Que faire pour vieillir en bonne santé
Quelques comportements sont de mise pour gérer le vieillissement, pour la plupart ils ne sont pas liés à la prise de médicaments.
Avant tout, c’est l’activité physique, car « rien de mieux n’a été inventé pour prolonger la vie en bonne santé ». La science n’est pas capable de bloquer la myostatine, protéine qui limite la croissance des tissus musculaires. En revanche, il est possible d’agir sur le tissu musculaire par le biais de l’activité physique. Chez les personnes physiquement actives, l’atrophie des muscles liée à l’âge est plus lente.
Vient ensuite la nutrition. « Il est connu que les personnes qui vivent longtemps ne mangent jamais trop, et il existe des régimes et des aliments spéciaux qui ralentissent le processus de vieillissement », dit Mme Tkatcheva.
« Souvent, ce que nous mangeons ne fournit pas seulement de l’énergie, mais encombre aussi l’organisme », souligne-t-elle.
Enfin, l’activité cognitive. Ce n’est pas un hasard si les scientifiques sont nombreux à vivre longtemps. En fait, ils analysent toujours de nouvelles informations, donnent des conférences, rédigent des articles.
« Le vieillissement du cerveau est probablement le sujet principal de la question du vieillissement en général, car le cerveau est le chef d’orchestre de tous les organes et systèmes », indique la gérontologue.
Tout cela, sans oublier l’importance des émotions positives, souvent sous-estimée, insiste-t-elle.
Fumer et vivre longtemps, le paradoxe?
Souvent les conseils de mener une vie saine sont accueillis par des exemples de fumeurs qui ont atteint un âge bien avancé. Ce à quoi Olga Tkatcheva réagit:
« Oui, il arrive qu’une personne fume et vive longtemps. Mais si elle arrêtait de fumer, elle vivrait encore plus longtemps et aurait une meilleure qualité de vie ».
Le tabac accélère le vieillissement, c’est un fait prouvé par la science, rappelle-t-elle.