Le lundi dernier a été marqué au Mali par l’interpellation d’une personnalité de gros calibre, qui semblait auparavant intouchable. A se demander s’il s’agit là d’un coup de balai destiné à prévenir d’autres activistes.
En début de semaine, la Brigade d’investigation judiciaire (BIJ) a procédé le matin à l’arrestation, au cimetière de Hamdallaye, d’Adama Ben Diarra, alia Ben le cerveau, membre du Conseil national de transition (CNT, faisant office de parlement) et leader du mouvement Yéréwolo Débout sur les Remparts. Entouré de fidèles et en compagnie d’autres figures politiques et associatives, il est venu s’incliner devant la tombe de l’illustre disparu Amadou Djicoroni, en ce jour anniversaire de son décès.
Jusqu’à présent, aucune communication officielle n’est venue éclairer l’opinion publique, mais les médias tunisiens parlent d’une sombre affaire d’“atteinte au crédit de l’État”. Selon des observateurs politiques, l’activiste Ben le cerveau, par exemple, aurait tenu sur les antennes des propos désobligeants contre les tenants du pouvoir dont la nature n’était pas précisé. Avant de s’attarder sur la nécessité d’organiser à bonne date l’élection présidentielle sensée se tenir en février 2024. Ben le cerveau est-il devenu l’épouvantail que le régime aime à présent agiter. Homme présenté comme “volubile”, prompt à s’emparer du micro pour donner sa lecture des événements, il est un ami très proche des militaires qu’il a beaucoup côtoyé à Kati avant peut-être de ‘’ tomber en disgrâce ‘’ maintenant.
Patriote ou traître
L’activiste possède un carnet d’adresses bien rempli, qui lui confère l’image d’un lobbyiste puissant, capable de faire la pluie et le beau temps. Est-il l’homme idéal pour être le bouc émissaire des nombreuses misères qu’endure le régime de l’actuel président Assimi Goïta. Ou s’opposer un tant soit peu à certaines orientations du régime en place est –il synonyme de conspiration contre la République ? Son patriotisme est dénié en faveur de la traîtrise, commentent ses fervents partisans qui invoquent son immunité consacrée par la constitution. En effet, les parlementaires bénéficient d’un régime juridique dérogatoire au droit commun dans leurs rapports avec la justice, non dans leur propre intérêt, mais dans celui de l’institution au sein de laquelle ils représentent le peuple souverain. Aucun membre du Parlement ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé à l’occasion des opinions ou votes émis par lui dans l’exercice de ses fonctions. Cette immunité concerne tous – mais seulement – les actes accomplis dans le cadre du mandat des députés et s’applique au-delà de la durée du mandat. Concrètement, la levée de l’immunité – lorsqu’elle est nécessaire, c’est-à-dire en l’absence de crime ou délit flagrant ou de condamnation définitive – prend la forme d’une demande d’autorisation.
Après une première nuit de garde à vue Ben le cerveau a été présenté hier au Procureur de la Commune VI du district de Bamako qui s’est autosaisi des faits présumés qualifié d’ atteinte au crédit de l’État.
Fanfan