Ayant décidé de prendre leur distance vis-à-vis de l’Accord pour la paix et la Réconciliation au Mali (APR) et de fusionner leurs groupes, les responsables de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) sont dans la provocation et la propagande depuis des mois. Ils ne ratent aucune occasion de jeter l’huile sur le feu. Heureusement, parce qu’elles ont d’autres chats à fouetter pour le moment et parce qu’elles sont déterminées à donner à la paix toutes ses chances, les autorités de la Transition ne cèdent pas à ce jeu.
«Quand on est fort on négocie, quand on est faible on va à la provocation». Des propos attribués à Dr Choguel K. Maïga, le Premier ministre de Transition, pendant sa visite à Gao du 17 au 20 février 2023. Des propos sans doute adressés aux responsables de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) qui sont dans la provocation et la propagande depuis qu’ils ont pris la décision de se mettre en marge du processus de paix.
Ainsi, depuis des semaines, ils ont envahi les réseaux sociaux en se vantant de pouvoir mobiliser près de 400 pick-up lourdement armés et 2 000 hommes pour, disent-ils, sécuriser leur zone d’influence, donc l’Azawad. C’est ainsi qu’on voyait, sur twitter, le chef d’état-major de la CMA menacé le président Assimi Goïta et le Colonel Sadio Camara de prendre toute la région de Tombouctou en un clin d’œil s’ils ne cèdent pas à leur chantage.
Il est clair qu’ils connaissent les coins et les recoins du Sahara. Mais, ce qu’ils oublient, c’est que les FAMa ont aussi aujourd’hui les moyens de leur livrer une guerre à laquelle ils ne sont pas habitués de leur part. Nous avons un pays décomplexé qui a retrouvé sa souveraineté avec une armée qui monte en puissance car dotée d’équipements de la dernière génération.
Et ayant une idée du nombre des habitants de ce pays imaginaire comme celui d’Alice (Pays des merveilles), on a toutes les raisons de croire que la grande majorité des 2000 hommes ainsi mobilisés sont des mercenaires et non des jeunes touaregs de l’Azawad. Avec des responsables qui vivent dans le luxe aux dépens du trésor public depuis la signature de l’APR, on est aussi en droit de se demander d’où la CMA tire-t-elle les moyens de payer tant de mercenaires et de 400 pick-up militarisés ?
A notre avis, c’est là une autre preuve des relations étroites entre cette coordination, à travers le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) d’Iyad Ag Ghali. D’ailleurs la fusion des composantes de la CMA serait l’une de ses directives pour mieux se positionner parce qu’il n’est pas parvenu non seulement à allier les populations de la zone des «Trois frontières» à son combat, mais aussi à réellement prendre le dessus sur son grand rival, l’EIGS. S’ils avaient mobilisé ces 400 pick-up lourdement armés et 2 000 hommes pour épauler le Gatia et le MSA-D à Ménaka, certainement qu’on ne parlerait plus de cette branche de Daesh (Etat islamique) aujourd’hui.
Et quand les responsables de la CMA parlent de sécuriser les populations, on se demande contre qui exactement ? Contre des bandits armés ? Et cela d’autant plus que nous ne voyons pas d’autres groupes pouvant menacer la quiétude dans une zone où ils constituent la seule présence militaire. La Minusma et le bataillon de la nouvelle armée reconstituée font juste partie du décor !
Toute présence militaire autre que la sienne est perçue par la
CMA comme une menace pour ses intérêts, précisément le trafic d’armes, de drogues, de cigarettes, d’or… qui fait la fortune de ses leaders. Elle a même ses propres agents et bureaux de douane. A quoi servent les recettes de ces trafics puisque nous n’avons jamais entendu que la CMA a réalisé quoi que ce soit au bénéfice des citoyens de (son) « Azawad » (toutes les réalisations de la dernière décennie est à l’actif de la Minusma ou d’autres partenaires de l’Etat malien) ?
A naturellement financer le terrorisme, à soudoyer certaines notabilités afin de bénéficier de leur soutien et à s’assurer des jours meilleurs puisque la rébellion sans réelle conviction ne fait souvent que long feu. L’Azawad au nom duquel ils disent se battre n’est en fait qu’un écran de fumée pour dissimuler ce trafic destiné en partie à financer des activités terroristes.
Parler de sécuriser les populations de l’Adrar des Ifoghas est de la pure démagogie. Surtout quand l’on sait que la CMA n’a concrètement jamais répondu à l’appel du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA-D) et du Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA) pour défendre les populations de la région de Ménaka régulièrement massacrées par les éléments d’EIGS.
«Personne n’est dupe, la CMA ne pouvait pas voler au secours de Gatia et du MSA-D parce qu’elle est l’aile politique du GSIM d’Iyad. Et je ne pense pas que ce groupe ait intérêt à ce qu’EIGS soit exterminé dans tout le nord du Mali. Iyad et ses soutiens savent que si cela se produit, ses jours sont comptés parce que l’armée ne mettra pas du temps à lui mettre la main dessus grâce notamment au concours du Général Gamou, son éternel rival. La présence d’EIGS permet de distraire l’armée sur un autre front», nous a récemment confié un spécialiste des questions géostratégiques dans la bande sahélo-saharienne dont nous tairons le nom.
«L’union fait la force : Si tous les mouvements de l’Azawad s’unissent sur le même objectif, aucune force ne se dressera devant eux, et seul le peuple du pays pourra le protéger, car ce sont eux qui connaissent ses routes cahoteuses et ses embuscades», disait récemment l’un de leurs leaders sur twitter. «L’Union fait la force», ont rappelé les terroristes déguisés en rebelles ! Sans doute !
Et nous sommes convaincus que le peuple malien saura se mobiliser derrière ses dirigeants et son armée pour crever l’abcès d’une prétendue Azawad devenue le gagne-pain des aventuriers aux dépens des populations dont le seul désir est d’accéder au bien-être comme une grande partie de la population malienne. Nous sommes prêts à consentir tous les sacrifices pour la paix. Mais, nous savons aussi que qui veut la paix, prépare la guerre. Une réalité qui avait échappé aux dirigeants du Mali démocratique qui ont toujours négocié avec les rebelles sous la pression de leurs parrains. Des accords qui ne nous ont garanti qu’une paix épisodique !