Pendant plus d’un demi-siècle, le Mali traine dans un conflit qui oppose une partie de sa composante ethnique à l’Etat. Celui-ci est communément appelé, rébellion touarègue. Celle-ci, commencée dans les années 1963 suite à une réclamation d’indépendance d’une partie du Nord du pays, est menée par des groupes touaregs.
Selon des sources, cette rébellion trouve son origine dans la réalisation d’un projet français en 1958. Ce projet qui ne verra pas le jour, sera toujours encré dans un esprit de division, de désunion au sein des communautés maliennes vivantes dans le Nord du pays particulièrement dans le milieu touareg. Depuis, tous les Chefs d’Etat Maliens de 1960 à 2023 ont géré de manière différente pour résoudre cette guerre fratricide imposée par un groupe touarègue.
Pour la résolution de cette crise épisodique, certains Présidents du Mali ont opté pour une gestion militaire alors que d’autres ont préféré une négociation pacifique conduisant les parties prenantes à la signature des accords de paix. Malgré ces efforts, la paix semble être introuvable.
Ces accords ont en un moment stabilisé le pays mais sans avoir enterré les haches de guerre. Ils ont par conséquent contribué à l’affaiblissement de l’Etat Malien dans les régions du Nord. Tels que : l’allègement de son dispositif militaire, en accordant des statuts particuliers aux révoltés au détriment de l’Etat ; l’intégration et désertion des combattant rebelles etc. L’absence des autorités politiques et administratives, va occasionner le banditisme, les trafics illicites et bien d’autres choses. En 2012 après leur retour de la Libye, les rebelles touarègues en couple avec les groupes armés djihadistes se sont attaqués à l’Etat Malien avec deux objectifs différents (l’indépendance des régions du Nord et l’islamisation du Mali).
C’est ainsi que les autorités de la Transition dirigées par le Professeur Dioncounda Traoré trouvent l’initiative d’impliquer les organisations africaines et internationales dans la gestion de cette crise interminable devenue complexe. L’intervention de ces organisations ont permis la désolidarisation entre les groupes terroristes et les groupes rebelles. Toute chose qui a été nécessaire pour la signature de l’Accord d’Alger en 2015, accord signé entre le Gouvernement Malien et les groupes rebelles.
Cependant, avec la rétrocession des bases occupées par la MINUSMA à l’Armée Malienne le 1er juillet 2023, édictée clairement dans la résolution 2690 du Conseil de sécurité des Nations unies, les choses se compliquent.
Depuis l’adoption de la résolution en 2023, du retrait de la MINUSMA, dont le processus de doit se terminer au 31 décembre 2023, le climat est devenu délétère entre l’Etat et les groupes rebelles. La confiance qui s’instaurait depuis 2014, entre les parties, disparait peu à peu entre l’Etat et la Coordination du Mouvement d’Azawad. La prise de possession des FAMA à Ber (une ville située 60 km de Tombouctou) créé une grande brouille entre ces dernières et la CMA. Ce qui est remarquable, les drapeaux du Mali sont remplacés par ceux de la CMA. Une similarité d’information laisse croire que ces attaques contre les FAMA étaient dirigées par la CMA et les groupes armés terroristes.
Après la prise de Foyata et de Ber, faut-il craindre une nouvelle hostilité entre l’Etat et les groupes armés rebelles ? Car dans un communiqué publié sur les Réseaux Sociaux (RS), le 7 aout 2023, la CMA dénonce la violation des accords de cessez-le-feu signé le 23 mai 2014. Ledit communiqué a été largement diffusé, accompagné des commentaires de haines et plein de calomnies sur les RS par des personnes appartenant à la coordination. Maliens sont-ils incapables de trouver une solution à leur problème ?
Il est certain qu’aucune solution n’est meilleure qu’elle est réfléchie et proposée par les maliennes et les maliens. Rappelant la gestion de la rébellion sous Alpha O Konaré (Président du Mali Démocratique 1992-2002), ce sont les femmes, les chefs religieux, les coutumiers, les notables qui ont mouillé les maillots pour ramener le climat de confiance et de la paix entre l’Etat et les groupes rebelles. Il n’est donc pas trop tard pour enclencher le dialogue ! Qui est un élément important pour le règlement des conflits quel que soit son caractère.
Le Mali, un pays en guerre. La stratégie ne doit nullement nous conduire dans une autre hostilité. La CNT doit prendre des initiatives parlementaires tout en multipliant des efforts pour renforcer, soutenir la paix, la sécurité et la cohésion sociale. C’est dans les obligations des chefs religieux, les notables, les chefs coutumiers surtout ceux de la région du Nord, de jouer pleinement leur rôle de sage dans la gestion de cette affaire. En réalité la rencontre non officielle déjà entamée par certains membres du Conseil National de la Transition (CNT), mérite d’être appuyée par des moyens nécessaires. Cela, pour que conjointement tous les Maliens puissent s’unir comme un seul Homme afin de trouver des solutions endogènes à cette rébellion épisodique. Plus d’un demi-siècle de rébellion, ça suffit !
Boubacar Bani Traoré (Stagiaire), Spécialiste en HIRIS