La flambée des prix du ciment au Mali ces trois dernières années est sans précédent. La commercialisation du ciment est victime d’aspérités dissonantes entre autres, la spéculation et le désordre des tarifs. De surcroît, les cours du ciment varient comme la peau d’un poulpe. Le sac de 50 kg est actuellement en moyenne vendu entre 5 250 F CFA et 6 250 F CFA, ou alors, la tonne entre 105 000 F CFA et 125 000 F CFA.
Néanmoins, le secteur connaîtrait une bonne dynamique à moyen terme, conduisant la baisse des prix sur le marché national. Puisque, l’industrie du ciment va bénéficier de la création de deux nouvelles usines. En effet, la création de l’usine de cimenterie Atlas a été annoncée le 2 juin 2022 à Dio-Gare (cercle de Kati). Le coût total d’investissement s’élèverait à près de 50 milliards de FCFA et la durée de réalisation de ce projet est de trois ans. L’usine produirait 800 000 tonnes de ciment par an. Aussi, la création de l’usine de cimenterie Sahel a été annoncée à Bema à 35 km de Nioro du Sahel, un investissement estimé à 355 milliards de FCFA avec une capacité de production d’environ 4 500 000 tonnes par an extensible à 6 000 000 de tonnes par an. Cette usine pourrait créer jusqu’à 600 emplois à temps plein et 2 000 emplois temporaires.
Des mesures à prendre pour baisser les prix du ciment et dynamiser le secteur
A court terme, l’intervention de l’Etat est impérative. D’abord, l’autorité de régulation des prix doit être capable de mettre en place un plan d’action rapide de contrôles aléatoires des prix pratiqués sur le marché national par des grossistes et les revendeurs dans les quincailleries. Ensuite, prévoir des sanctions pécuniaires pour les acteurs qui font des spéculations sur les prix.
A moyen terme, la mise en œuvre des réformes structurelles est impérative. Ces réformes doivent être susceptibles d’assurer le marché national contre les pénuries de ciment en périodes de fortes demandes. Au nombre des actions en ligne de mire, l’octroi des permis d’exploiter les réserves de calcaire aux entreprises nationales pour la production du clinker, encourager les acteurs à se professionnaliser davantage. Également, l’Etat doit réguler le ciment importé. Cette proposition est cruciale pour éviter que les grossistes profitent des situations pour constituer un stock conséquent afin de les écouler à des prix exorbitants pendant les périodes de retard de livraison.
A long terme, il faut des investissements conséquents mais intelligents sur la base d’emprunts et de ressources nationales pour créer de nouvelles usines dédiées au marché intérieur. Plus de sociétés conduirait à une concurrence exacerbée, tirant les prix vers le bas. Ainsi, la tonne de ciment pourrait se vendre en moyenne à 65 000 F CFA, c’est le prix pratiqué actuellement sur le marché sénégalais.
Amadou SY – Contrôleur financier et Economiste