Le président élu du Liberia prête serment lundi 22 janvier à Monrovia après sa victoire, fin novembre, face à l’ex-star du football George Weah.
Joseph Boakai, 79 ans, doit être investi lundi 22 janvier à Monrovia lors d’une cérémonie organisée dans la cour du Parlement, en présence de délégations étrangères, dont des chefs d’État, selon un programme officiel.
Vétéran de la politique libérienne, vice-président de 2006 à 2018 sous la présidence de Ellen Johnson-Sirleaf et serviteur de l’État pendant plus de quarante ans, il a remporté au second tour la présidentielle en novembre, avec 50,64 % des voix, contre 49,36 % pour son adversaire. Un scrutin pacifique, dans une région qui a connu ces dernières années une succession de coups d’État militaires (au Mali, au Burkina, en Guinée et au Niger).
George Weah, qui avait battu Joseph Boakai en 2017 au second tour, a reconnu sa défaite avant l’officialisation de la victoire de ce dernier, s’attirant des louanges internationales. Il va entrer en fonction alors que le Liberia est confronté notamment à un niveau élevé de corruption et de pauvreté.
L’ombre de Prince Johnson
Joseph Boakai s’est durant les élections allié à des barons locaux, comme l’ancien chef de guerre Prince Johnson, qui avait soutenu George Weah en 2017 et qui bénéficie toujours d’un fort soutien dans sa province de Nimba (Nord-Est). Prince Johnson, qu’une vidéo montrait en train de siroter une bière pendant que ses hommes torturaient à mort le président Samuel Doe en 1990 et qui est sous sanctions américaines pour corruption, a placé l’un de ses hommes, Jeremiah Koung, au poste de vice-président de Joseph Boakai.
« Les attentes sur la présidence de Boakai sont élevées en raison de son expérience de l’État, de sa réputation de probité et de quelqu’un qui a essayé de vivre de la plus simple des manières », affirme un ancien élu local du comté de Nimba. « Tous les dirigeants [libériens] ont promis de réprimer la corruption et d’améliorer les conditions économiques [des populations], mais ont échoué à le faire. [Boakai] doit faire la différence », a indiqué l’analyste Abdulla Kiatamban du Geo Baraka Group of Strategists, un groupe de conseil. D’un autre côté, une baisse des prix de produits comme l’essence et le riz est attendue, assure John Kollie, le chef de l’ONG Liberia Media for Democratic Initiatives.
Une transition « douce et pacifique »
Le président avait appelé les Libériens à s’« unir comme un seul peuple pour reconstruire [le] pays », dans une rare déclaration publique, fin novembre, après son élection. Il avait promis « d’étendre le développement à l’ensemble du [territoire] », en construisant notamment des routes dans la région du Sud-Est, « négligée depuis des années ». Comme durant sa campagne, Joseph Boakai a rappelé que la lutte contre la corruption sera l’un de ses combats et indiqué qu’il allait mettre en place un plan pour une transition « douce et pacifique ». Il a aussi déclaré qu’il mènerait une réforme « radicale » de la sécurité et de la justice et ferait respecter l’État de droit.
Pour sa part, le président sortant, George Weah, a annoncé tirer un trait définitif sur la présidence. Âgé de 57 ans, il a invoqué son âge en 2029, date de la prochaine présidentielle, dans un enregistrement de ses propos auquel l’AFP a eu accès. « J’ai 57 ans et l’âge de la retraite est fixé à 65 ans [au Liberia]. Dans six ans, j’aurai 63 ans et je ne pourrai pas travailler pendant deux ans seulement », a-t-il affirmé.
(Avec AFP)