Au Mali, il vaut mieux ne pas avoir la langue bien pendue quand on critique les colonels au pouvoir. Il n’y a pas d’immunité pour celui qui s’adonne à cet « exercice ».
Boubacar K. Traoré, le président par intérim du Mouvement M5-FRP tendance Choguel Maiga, l’a appris à ses dépens. Il lime actuellement ses dents contre les barreaux de la Maison centrale d’arrêt de Bamako.
Placé sous mandat de dépôt
En effet, dans la journée d’hier mardi, celui qu’on présente comme le bras droit du Premier ministre malien a été placé sous mandat de dépôt. Il est inculpé pour « atteinte au crédit de l’Etat, outrage à magistrat et trouble à l’ordre public ». Son procès doit débuter le 1er juillet prochain.
La faute de M. Traoré, c’est d’avoir eu le courage de publier un mémorandum du M5-FRP très critique à l’égard des colonels au pouvoir. Ce document à l’allure d’un réquisitoire dénonce un « relâchement des termes du Pacte d’honneur du partenariat stratégique liant les deux Forces civiles et militaires pour le changement ».
Il évoque pour preuves, le limogeage et le remplacement de presque tous les ministres du M5-RFP, issus du gouvernement de Transition du 11 juin 2021, sans consultation ni proposition du Premier ministre actuel Choguel Maiga.
« Arrestations extrajudiciaires des proches de Choguel Maiga »
Le chef de la Primature serait par ailleurs victime d’un isolement au sein du gouvernement. On ne l’aurait pas consulté sur des questions comme l’organisation de la campagne référendaire et le report des élections, entre autres.
Le M5-RFP remet également en cause la qualité de la distribution de la justice, citant en exemple, des « arrestations extrajudiciaires des proches de Choguel Maiga ».
« Atteinte au crédit de l’Etat », la nouvelle excuse pour mettre en prison les voix discordantes.
Il se dresse aussi contre les recommandations du dialogue inter-malien sur la promotion au rang de général des 5 colonels et la candidature du président de la Transition Assimi Goita aux prochaines élections présidentielles.
De toute évidence, ce mémorandum n’a pas plu à la junte dont la justice a une certaine facilité à accuser les voix discordantes, de faits portant « atteinte au crédit de l’Etat ».
Source : https://www.seneweb.com/news/Afrique/assimi-goita-qui-s-rsquo-y-frotte-s-rsqu_n_441703.html