A court de solutions face aux multiples crises socioéconomiques, voire financières, en panne de plan de sortie de la transition pour éviter que d’autres sanctions ne s’abattent sur le Mali, mis à l’écart dans la gestion des affaires publiques, par les cinq colonels, le premier Ministre Choguel K Maiga, pour ne pas disparaitre politiquement à juger opportun de faire de son choux gras le sujet de préoccupation majeur d’une frange importante du peuple, à savoir la reconquête de Kidal. Partout où il passe, parfois en faisant hors-sujet au point d’être hué par la salle, il expose cette thématique pour occuper le temps. Se rendant véritablement compte que la chanson relative à la France, à la MINUSMA et à la CEDEAO n’est plus prisée par le peuple qui se débat aujourd’hui pour sa survie, le PM a sorti de son laboratoire, car jouant lui aussi sa survie politique, la reconquête de Kidal par les FAMA pour en faire un sujet phare car intéressant le peuple. Le constat est que la composante militaire joue sa partition en menant bon an mal an sa mission régalienne de défense de l’intégrité territoriale, tandis que la composante politico-civile incarnée par le PM se fourvoie dans des diatribes vexatoires et des sujets de moindre importance. Les deux dernières sorties publiques du PM ont prouvé à suffisance qu’il est à court des solutions. Le PM a été véritablement mal inspiré aux journées de la recherche et de l’innovation et lors du lancement du salon international de la santé.
Alors que le Mali est confronté à une crise socioéconomique voire financière sans précédent. L’une des grandes illustrations de l’effondrement de l’économie est le délestage et la crise sociale avec son corollaire des grèves des écoles privées au sein de l’éducation, de la vie chère avec la flambée des prix des denrées de première nécessité et enfin la faillite des entreprises. C’est face à ces gravissimes crises que le PM Choguel K Maiga au lieu de proposer des solutions les a plutôt botté en touche en divertissant le peuple avec de l’épopée. Aux journées de la recherche et de l’innovation ainsi qu’au lancement du salon international de la santé il a occulté les préoccupations majeures du moment en abordant le sujet de Kidal. Ce sujet anime certes les débats, mais ne saurait occulter la crise énergétique, la crise financière, bref la crise sociale sans précédent que le Mali connait aujourd’hui. Il s’est vêtu du manteau d’historien en rappelant certains événements historiques et des hauts faits d’armes de l’armée malienne. Nul ne peut ne pas s’enorgueillir en entendant ces faits historiques, mais ils ne sauraient résoudre les problèmes quotidiens. Sur le sujet de Kidal il dit tantôt être un fervent partisan de la méthode forte et tantôt il tend la main aux leaders indépendantistes Touaregs.
Comment un PM d’un pays en crises profondes peut-il reléguer au second plan les aspirations profondes du peuple ? Pour rappel si la reconquête de Kidal est bien entendu le souhait d’une frange importante du peuple, elle ne saurait être une fin en soi. Le peuple aspire aujourd’hui à un mieux-être social. Il a besoin des solutions à ses problèmes d’eau et d’électricité, à ses problèmes de santé, d’éducation, de sécurité, d’emplois pour les jeunes. Rien de tous ceux-ci ne préoccupent le PM, car il en parle même pas au cours de ses rares sorties médiatiques.
En effet, après avoir fini de disserter sur la France, la MINUSMA, la CEDEAO, Choguel K Maiga n’a que le sujet de Kidal, seul susceptible de constituer une thèse de dissertation, car il sait bien que cet autre disque est prisé par le peuple, mais des voix ne sont-elles pas en train de se lever pour exprimer un certain ras-le bol face à la persistance des délestages, à la vie chère, bref à la crise sociale sans précédent au Mali ? Et pourtant il avait lui-même reconnu les limites objectives des discours dits patriotiques qu’ils ont tenu pendant des années. Le PM avait déjà parlé des conséquences si les gouvernants ne font rien pour soulager la souffrance de ce peuple et de prédire que le réveil risque d’être brutal pour eux. Ne sommes-nous pas aujourd’hui au bord de l’implosion ? Sans nul doute seule la reconquête de Kidal retient encore le peuple, sinon pour moins que ces délestages les maliens sont sortis sous IBK. Il est grand temps de donner au peuple du pain et de l’eau, il n’a aujourd’hui que faire des discours théoriques sans actes concrets. C’est pourquoi au lancement du salon international de la santé, en plein discours l’EDM a coupé le courant et la foule a même hué le PM. Ces actes sont les signes d’un malaise généralisé et sont également un avertissement pour les autorités.
En somme, le Premier ministre est attendu sur le terrain des propositions de solutions aux différents problèmes qui assaillent notre pays. La crise énergétique, la crise financière, la crise sociale, la crise économique, la crise sécuritaire, la crise au niveau de l’éducation et de la santé, bref la coupe est véritablement pleine des crises et ce sont les solutions qui manquent le plus.
Youssouf Sissoko