Le Représentant adjoint par intérim auprès de l’Organisation des Nations Unies, lors de son intervention au conseil de sécurité des Nation Unies, tenu le 16 juin 2023 à New York, a laissé entendre que les Etats-Unis applaudissent la préparation et la planification solides du gouvernement de transition pour le référendum constitutionnel du 18 juin. Il affirmera que son pays réitère une fois de plus son soutien au processus de transition et aux élections de février 2024 au cours desquelles ni le président de transition ni le Premier ministre ne pourront se présenter aux élections, comme le gouvernement de transition en a convenu avec la Cedeao.
L’ambassadeur Jeffrey De Laurentis se dit heureux de voir que le Secrétaire général continue de suivre les progrès du gouvernement de transition malien vers la pleine conformité avec les quatre critères inclus dans l’examen interne de la Minusma par l’ONU. Selon lui, ces repères sont clairement définis et pleinement atteignables. En effet, lesdits repères demandent aux autorités maliennes de respecter leurs obligations existantes en vertu de l’accord d’Alger de 2015, de l’accord sur le statut des forces avec l’ONU et du calendrier convenu par la Cedeao pour achever la transition politique. Toutefois, l’ambassadeur a fait savoir que les Etats-Unis sont déçus que le gouvernement de transition malienne ait fait preuve d’un comportement obstructionniste au cours de la période considérée. « Nous sommes particulièrement frustrés par les restrictions continues imposées par le Mali à la liberté de mouvement et d’accès de la Minusma, et par le fait qu’il a refusé 170 demandes d’autorisation de vol de la Minusma au cours des trois derniers mois seulement », dit-il. Il rappelle que le gouvernement de transition a également rejeté quatre des cinq demandes de la Minusma de mener des enquêtes in situ sur des informations faisant état de violations et d’atteintes aux droits humains. Cependant, malgré ces restrictions qui contreviennent à l’Accord sur le statut des forces du Mali, notre ambassadeur félicite la Minusma d’avoir mené des dizaines d’autres enquêtes à l’aide d’outils médico-légaux à distance largement acceptés. Dans le même ordre d’idées, il a félicité la Minusma et le HCDH pour leur enquête diligente et leurs rapports factuels sur les atteintes aux droits humains et les violations commises par les FAMa et le groupe Wagner soutenu par le Kremlin en mars dernier à Moura, malgré l’interdiction d’accès à la zone. « La capacité de l’ONU à faire la lumière sur les abus et les violations malgré un tel obstructionnisme renforce l’importance du mandat de la Minusma pour promouvoir et protéger les droits humains au Mali », laisse-t-il entendre. Par ailleurs, M. De Laurentis pense que les déclarations accusant la Minusma d’espionnage pour avoir mené une enquête indépendante dans le cadre de son mandat sont inacceptables et présentent une grave menace pour la sûreté et la sécurité des soldats de la paix de l’ONU autorisés par ce Conseil, qui ne méritent rien de moins que notre plein soutien.
A souligner que le 25 mai dernier, les États-Unis ont imposé des restrictions de visa à deux officiers militaires maliens qui commandaient des unités impliquées dans les violations des droits humains commises à Moura. A cet effet, notre ambassadeur se dit consterner par le mépris de la vie humaine par des éléments des Forces armées maliennes en coopération avec le groupe Wagner soutenu par le Kremlin à Moura. Le rôle déstabilisateur des forces wagnériennes et la menace directe qu’elles font peser sur le peuple malien et la souveraineté du pays n’ont jamais été aussi évidents, à ses yeux. Pour lui, les membres du Conseil devraient également prendre note de la façon dont les opérations militaires qui nuisent aux civils dans le centre du Mali, comme celle de Moura, compromettent à la fois les efforts de protection des civils et la mise en œuvre d’une stratégie politiquement ciblée. Cependant, l’ambassadeur Jeffrey De Laurentis, affirmera que les Etats-Unis encouragent les autorités de transition ainsi que les groupes armés signataires à faire preuve d’un engagement similaire envers l’accord de paix en répondant aux propositions de la médiation internationale de manière constructive et dans un esprit de compromis. Selon lui, il est clair que la Minusma ne peut pas remplir son mandat dans les conditions actuelles. « Seul le respect par le gouvernement de transition des quatre critères devrait convaincre ce Conseil de continuer à soutenir le déploiement de la Minusma dans sa forme actuelle », a-t-il conclu.
Ibrahima Ndiaye