Le fondateur d’Afrikajom Center, Alioune Tine, a mis en garde le tandem Ousmane Sonko-Bassirou Diomaye Faye. Dans un long texte rendu public ce mardi, le membre de la société civile et ancien directeur régional d’Amnesty International a tenu à alerter ces nouvelles autorités. Il estime que les « fronts ouverts » doivent faire l’objet d’attention, car, selon lui, « trop d’inégalités et de discriminations sociales sont une menace pour la démocratie et le vivre-ensemble ». Nous vous propos l’intégralité de son texte.
L’obligation de vérité et l’obligation de réconciliation indispensables pour réaliser les rêves qui sont la raison d’être de Diomaye Moy Sonko. Nous avons traversé les pires moments et les périodes les plus sombres de l’histoire politique de ce pays. Nous avons vécu des moments d’insurrection et de contre-insurrection sous les formes les plus violentes avec des morts, des mutilés, des blessés, des torturés, des détenus arbitraires, etc. Nous avons vécu des moments de colère, de tristesse, de ressentiments. Des moments de tension de toutes nos institutions, l’exécutif, le législatif, le judiciaire, tensions au niveau des médias.
Nous vivons une situation post-traumatique certes difficile, pourtant, il faut qu’on en guérisse collectivement. Et vite, car le temps passe vite. Simplement, on n’a pas d’autre choix que de sortir vite de cette gangue dans laquelle, on n’arrête pas de patauger. Cette troisième alternance sous la responsabilité d’une jeune génération, nos fils ou petits-fils, ils n’ont pas droit à l’échec. Parce qu’ils ont nourri un espoir énorme pour un changement radical, pour l’avènement d’un nouvel ordre politique et moral salvateur, la possible réalisation du « projet » qui va ouvrir grandes les portes du bonheur et du bien-être au peuple sénégalais.
Dans un pays où les promesses de prospérité ne sont absolument pas du tout abstraites avec l’exploitation du gaz, du pétrole et de toutes les autres ressources dont les plus précieuses sont les hommes et les femmes de ce pays. Alors, il faut créer les conditions objectives et subjectives de la réalisation de ce rêve, car beaucoup de gens y croient encore. Le conflit est consubstantiel à la démocratie. Le conflit nourrit et alimente et fait avancer la démocratie. Mais, après il faut s’asseoir, il faut se parler, mieux quand on a traversé les moments dévastateurs sur le plan existentiel pour certains d’entre nous, il faut se réconcilier. C’est un Sénégal réconcilié, qui pourrait créer les conditions de succès d’un projet porté par tous. La vérité, nous en avons besoin, la justice pour évacuer les haines, les rancœurs, les ressentiments.
Nous surtout besoin aussi de la justice sociale, pour réaliser le rêve d’égalité, construire une société d’égaux et de semblables.
Trop d’inégalités et de discriminations sociales sont une menace pour la démocratie et le vivre-ensemble. Mais nous avons également besoin de pardon et de réconciliation.
Les fronts ouverts, doivent faire l’objet d’attention, les acteurs doivent s’asseoir dialoguer et avancer. C’est ça la démocratie délibérative, l’agir communicationnel, une interaction entre représentants et représentée. Rétrécir l’asymétrie des relations entre représentants et représentées qui génère, malentendus et tensions inutiles.