Le témoignage criard de la femme qui a perdu son enfant dans les conditions avilissantes, déshonorantes, et scandaleuses dans un hôpital de Bamako, doit interpeller les autorités sanitaires et les obliger à repenser le système et la gouvernance de la santé du Mali.
Le mal de l’hôpital au Mali est très profond. Les hôpitaux manquent de tout ou presque. Les plateaux techniques sont dans un piteux état, ou sont parfois inexistants dans bien de disciplines.
Les laboratoires sont bien souvent arrêtés faute de réactifs, parfois de consommables et régulièrement par manque d’entretiens courants des équipements. Une simple goutte épaisse ou une numération formule sanguine (NFS) relève du parcours du combattant dans certains hôpitaux.
Les prescripteurs manquent le plus souvent de simples ordonnanciers et de petits matériels de diagnostic et de soins ; L’hygiène est catastrophique, les lits d’hospitalisation sont vétustes, pas de circuits sécurisés d’élimination des déchets biomédicaux exposant à des maladies nosocomiales.
Les directeurs se succèdent, mais rien n’est fait pour l’amélioration continue et intelligente de la gouvernance hospitalière. Bref, la puissance publique elle-même n’accorde aucune importance, ou très peu à la santé (Réf. Loi de finances 2024 et le budget dérisoire alloué à la santé).
Au bout de la chaîne, le personnel hospitalier, sans aide et sans accompagnement, et bien souvent livré à lui-même, devient le maître chanteur qui dicte sa loi avec des méthodes peu orthodoxes pour certains.
Ce qui vaut pour l’hôpital, vaut pour tous les secteurs essentiels, et il urge de nous investir, toutes et tous, au chevet du grand corps malade, le Mali. Je nous y encourage vivement. Vivement des hôpitaux modernes, robustes, intelligents et résilients pour le bonheur du Mali et des Maliens. Dieu bénisse et préserve le peuple du Mali
Dionké Fofana/Expert/Analyste en Sciences sociales, politiques et économiques