À l’époque où les risques écologiques et sanitaires deviennent plus élevés, l’Afrique a besoin de satellites permettant de satisfaire les besoins du continent. Un chercheur russe, interrogé par Sputnik à l’occasion de la Journée de la cosmonautique, nomme les domaines de l’exploration spatiale où Moscou et l’Afrique peuvent resserrer leurs liens.
L’Afrique a besoin de satellites qui lui permettront efficacement de surveiller divers risques, notamment les incendies, la désertification, les conditions épidémiologiques et la migration des animaux de troupeaux qui peuvent être porteurs de maladies dangereuses, a déclaré ce 12 avril à Sputnik Ivan Lochkarev, chercheur au Centre d’études sur le Moyen-Orient et l’Afrique de l’Institut d’État de Moscou des relations internationales (MGIMO).
“Alors que l’importance des technologies de l’information et de la communication, ainsi que de la surveillance des risques ne cesse de croître […], il serait bien pour le continent africain d’avoir un système orbital de télédétection”, a-t-il indiqué.
L’Union africaine (UA) a adopté un programme de développement pacifique de l’espace dès 2015. Le but est de créer une industrie spatiale africaine compétitive et capable de répondre aux besoins du continent. Mais un manque de fonds a freiné la réalisation du projet spatial africain “qui n’arrive pas à exploiter de gros satellites”, note le chercheur.
Dans cette optique, la Russie et l’Afrique pourraient élargir davantage leur coopération, déjà très intense, dans les domaines suivants:
1. Collaborer au sein des organisations internationales en vue d’interdire le déploiement d’armes conventionnelles dans l’espace.
“La Russie et les pays d’Afrique promeuvent la norme sur le non-déploiement d’armes conventionnelles dans l’espace extra-atmosphérique dans le cadre de l’Onu et du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (CUPEEA)”, rappelle M.Lochkarev.
En effet, le traité sur l’espace extra-atmosphérique interdit de déployer des armes nucléaires dans l’espace circumterrestre et sur les corps célestes. Mais cette interdiction ne concerne par les autres armes, “et certains pays occidentaux essaient d’en profiter”.
Or “l’éventuelle présence d’armes en orbite empêche aux pays qui n’ont pas encore accès à l’espace de développer leurs programmes scientifiques”.
2. Créer et produire ensemble des satellites de télédétection
pour surveiller les changements environnementaux, géologiques et autres
Pour l’instant le potentiel russo-africain dans ce domaine n’a pas encore été pleinement exploité.
Cependant, “il existe déjà plusieurs entreprises en Afrique du Sud qui peuvent utiliser GLONASS [système russe de navigation par satellite] pour surveiller la surface de la Terre et détecter d’importants changements géologiques et autres, ce qui permet de prendre des décisions plus efficaces en matière de développement urbain”, explique M.Lochkarev.
pour garantir l’accès Internet à large bande et le fonctionnement de la téléphonie mobile
L’Internet par satellite “peut devenir un concurrent important à l’Internet fourni par les câbles sous-marins et terrestres et fournir une couverture plus large et, surtout, plus stable des différentes parties du continent”, estime le chercheur.
“Les relations entre la Russie et l’Afrique vont s’intensifier parce que l’Agence spatiale africaine a finalement vu le jour en janvier. L’Union africaine a trouvé les fonds et la volonté politique nécessaires pour le faire après une décision prise en 2018. Par conséquent, il y a maintenant une opportunité de dialogue direct entre la Russie et tous les acteurs intéressés”, a conclu M.Lochkarev.