Le président ivoirien dit vouloir reprendre des relations normales avec le Mali après le dénouement de la crise des 49 militaires graciés par le président malien de transition vendredi soir et rentrés à Abidjan dans la soirée du lendemain. Six mois de vives tensions diplomatiques entre les deux pays voisins, que le Togo a très largement contribué à apaiser et à résoudre. Pourquoi Lomé a-t-elle joué un tel rôle, comment s’est-elle faite accepter par les deux parties ?
Tout d’abord, ce n’est pas une première : le Togo avait déjà joué ce rôle de médiateur l’année dernière, entre le Mali et la Cédéao, lorsque l’organisation ouest-africaine imposait des sanctions économiques pour contraindre Bamako à s’engager vers un retour à l’ordre constitutionnel. Pendant plusieurs mois, le Togo a fait le lien entre les deux parties pour obtenir un compromis et la levée des sanctions.
Le choix de Bamako
Aujourd’hui, le Togo joue donc à nouveau ce rôle de médiateur, toujours au service du Mali, dans le conflit qui l’oppose cette fois à la Côte d’Ivoire. « Toujours au service du Mali » car dans les deux cas, ce sont les autorités maliennes de transition qui ont sollicité le Togo pour faciliter le dialogue. Ce qui avait d’ailleurs suscité des remous, en son temps, du côté de la Cédéao, qui avait déjà un médiateur pour le Mali en la personne du Nigérian Goodluck Jonathan. Finalement, la cohabitation entre ces deux médiateurs s’était assez bien passée. Et dans le dossier actuel aussi.
Un médiateur étant censé être impartial, à égale distance des deux parties, on aurait pourtant pu imaginer qu’Abidjan récuse un médiateur choisi par la partie adverse.
Validé par Abidjan
Mais il se trouve que les présidents togolais et ivoirien entretiennent par ailleurs, depuis des années, de bonnes relations. Alassane Ouattara appelle Faure Gnassingbé « mon frère », ils ont mené ensemble une médiation au Bénin en 2016 et, deux ans plus tard, en 2018, lorsque s’est posée la question d’un quatrième mandat pour le président togolais après une réforme de la Constitution, Alassane Ouattara faisait plutôt partie, parmi les chefs d’État de la Cédéao, de ses soutiens. De ceux qui étaient d’accord pour « laisser les Togolais choisir », c’étaient ses mots à l’époque.