La Cédéao et l’Union africaine, notamment, ont condamné ce putsch : la Cédéao et l’Uemoa ont même pris des sanctions contre le Mali pour contraindre Bamako à proposer un calendrier électoral plus acceptable, et une durée de la transition moins longue. Au sein de la Cédéao, sur cette question des sanctions, il y avait les partisans de la ligne dure – le Ghana, la Gambie ou le Niger, par exemple -, et il y avait les partisans de davantage de souplesse et de compréhension : en tête, le Togo.

Il est ici intéressant de rappeler les propos du ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, en mai dernier : « Le Togo a une approche mesurée, équilibrée et constructive » sur les processus de transition. « Nous avons sollicité le Togo pour aider à faciliter le dialogue. »

Robert Dussey

Il y a ensuite des éléments plus personnels, mais qui ont sans aucun doute leur importance, et qui concernent plus particulièrement Robert Dussey : le ministre togolais des Affaires étrangères est, avec son président Faure Gnassingbe, un infatigable artisan de ce travail de médiation, dont on ne compte plus les aller-retours à Bamako -on ne les connaît d’ailleurs sans doute pas tous. Robert Dussey donc, se targue d’avoir des relations privilégiées avec le colonel Assimi Goita, qu’il connaissait avant même que le militaire devienne président de la transition, avant même qu’il ne mène son coup d’État. On dit d’ailleurs qu’Assimi Goïta appelle Robert Dussey « grand frère », – ce dont RFI n’a jamais été témoin direct.

L’origine demeure imprécise, mais Robert Dussey lui-même la présente comme un atout et revendique cette proximité. Par ailleurs, Robert Dussey aime à se présenter comme un homme de dialogue et comme un homme de paix et n’hésite pas, pour en convaincre, à rappeler son histoire personnelle : avant d’être ministre, il était séminariste. Il étudiait le dogme catholique au sein de la communauté des frères franciscains. De quoi inculquer la patience et l’esprit de paix – la foi, peut-être aussi ! – nécessaires à ceux qui veulent résoudre les conflits les plus épineux.

Visibilité du Togo

Outre l’esprit de paix du ministre Dussey, le Togo y trouve aussi son intérêt, en se positionnant comme un acteur majeur au sein de la Cédéao et, plus globalement, sur le continent africain. Pour gagner en visibilité, en importance, et en légitimité. Le président togolais, Faure Gnassingbé, exerce son quatrième mandat, après avoir été réélu à plus de 70% des voix lors d’élections contestées, et après avoir succédé à son propre père, qui avait régné pendant 38 ans – jusqu’à sa mort – sur le Togo. Gnassingbé Eyadema était surnommé « le baobab », puissant et indéracinable. Si son fils, qui compte déjà presque 18 années au pouvoir et qui pourrait souhaiter ne pas s’arrêter là, gagne le surnom, la stature de « médiateur pour la paix », ce sera pour Faure Gnassingbé un incontestable succès. Et un atout, sur la scène internationale, dans la perspective éventuelle d’un cinquième mandat.