Les deux rugbymen accusés de viol en Argentine, Hugo Auradou, 20 ans, et Oscar Jegou, 21 ans, ont frappé la victime présumée avec une violence « terrible », a déclaré mercredi l’avocate de la plaignante, Me Natacha Romano, dans un entretien avec l’AFP.
Les deux joueurs ont été arrêtés lundi à Buenos Aires et doivent être transférés à Mendoza, où ils seront présentés à la justice dans le cadre de l’enquête ouverte pour violences sexuelles.
En droit argentin, cela peut caractériser des faits allant de l’agression sexuelle jusqu’au viol aggravé, qui pourraient être passibles de vingt ans de prison.
L’avocat des deux rugbymen, Me Rafael Cuneo Libarona, nie les accusations et affirme que ces relations sexuelles étaient « consenties ». La plaignante « prétend avoir été battue, les caméras (de surveillance de l’hôtel) disent qu’elle ne l’a pas été », a-t-il aussi déclaré.
Voici les réponses de Me Natacha Romano aux questions de l’AFP :
Comment se sont déroulés les faits présumés?
Tout a commencé vers 04H30 du matin dans une boîte de nuit de Mendoza.
La victime s’est rendue à l’hôtel avec l’un des accusés, identifié en premier lieu comme Hugo. Ils entrent dans la chambre et elle se rend compte que l’invitation à boire un verre est un piège.
Lorsqu’elle se rend compte de la situation, elle lui demande d’aller aux toilettes mais il s’aperçoit qu’elle veut s’enfuir. Il l’attrape immédiatement, la jette sur le lit, commence à la déshabiller et se met à la frapper sauvagement d’un coup-de-poing, dont l’hématome est visible sur le visage de la victime.
Il l’étouffe, au point qu’elle a l’impression de se sentir partir. Et une fois qu’elle ne peut plus se défendre, qu’elle n’a plus aucune chance de s’échapper, elle est abusée sexuellement par cette première personne.
Une heure plus tard, le deuxième participant, qui s’appelle Oscar, entre dans la chambre et commence sauvagement à commettre les mêmes actes de violence et d’abus sexuel.
Ensuite, cet individu part prendre un bain, et Hugo continue à se servir d’elle, en lui donnant différents coups. C’est-à-dire qu’elle (a des traces) de morsures, des griffures, des coups sur les seins, les jambes et les côtes marquées dans le dos. Jusqu’à ce qu’un des deux hommes s’endorme. Hugo continue. Elle tente de s’échapper au moins cinq fois. Mais Hugo se réveille et la reprend.
Cela s’est répété trois ou quatre fois encore, jusqu’à ce qu’il finisse par dormir. Il lui a même uriné dessus et ce n’est qu’à 08h30 qu’elle a pu se sortir de cette situation et s’enfuir de l’hôtel.
Quels types d’infractions identifiez-vous?
Le procureur est en train de finaliser la définition des infractions. Il s’agit d’une enquête pénale préliminaire. Pour l’instant, l’accusation est celle d’agression sexuelle, mais il existe une forte possibilité que cela puisse évoluer vers une accusation cumulant d’autres chefs d’inculpation.
Il y a une privation de liberté pour ne pas l’avoir autorisée à partir lorsqu’elle l’a demandé. La violence sexiste est extrême, le dénigrement l’est lui aussi.
La principale infraction et la plus grave est l’agression, mais la violence fut terrible, et il n’y a donc pas qu’une seule infraction sur laquelle enquêter.
Il s’agirait d’une agression sexuelle particulièrement atroce, avec accès charnel, avec la participation de deux personnes, avec violence.
L’un d’entre eux, à savoir Hugo, l’a agressée à plusieurs reprises, au moins six fois, et l’autre l’a agressée une fois sans aucune protection.
Que savons-nous de la victime?
On a d’abord dit qu’il s’agissait d’une jeune fille qui cherchait sa chance dans une boîte de nuit. Mais non, il s’agit d’une femme de 39 ans, fille et sœur d’avocats, une femme d’honneur.
Y a-t-il des preuves que la relation n’était pas consentie?
Les preuves sont celles qui ont poussé le procureur à lancer un mandat d’arrêt aussi promptement: le corps de la victime.
S’il y a mise en examen, demanderez-vous la détention provisoire?
Oui. Il y a un manque d’ancrage. Ils n’ont pas d’adresse réelle en Argentine, et encore moins à Mendoza.
Si l’avocat établit un domicile légal, il y a peut-être un risque pour l’enquête et ici, en Argentine, nous avons un principe appelé le principe de territorialité.
Compte tenu des caractéristiques de l’affaire et de l’attente de la production de preuves, et compte tenu du fait que de nombreux éléments doivent encore être incorporés, ils doivent être là, il est essentiel qu’ils soient présents.
Qu’est-ce qui vous a frappé lorsque vous avez vu la victime ?
Le premier choc a été de voir une femme dénigrée, dévastée, voire honteuse. Cela a été très important de l’aider à comprendre que le seul moyen pour elle de trouver du réconfort passera par la justice.