Une lettre du Ministère de la réconciliation, de la paix et de la cohésion nationale, chargé de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale datant du 24 février 2023 adressée au Ministre des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’Etranger République Algérienne Démocratique et Populaire, Chef de file de la Médiation Internationale par rapport à des observations sur le rôle de la Médiation internationale et les cas de violations par certains mouvements, de l’Accord pour la paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger s’est retrouvé sur les réseaux sociaux..
À travers la lettre du Ministre de la réconciliation, de la paix et de la cohésion nationale, chargé de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale Colonel Major Ismaël Wague a envoyé à son homologue Ramtane LAMAMRA, Ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’Étranger de la République Algérienne Démocratique et Populaire Chef de file de la Médiation internationale, n’a pas hésité de mettre en cause les responsables de la Coordination des Mouvements de l’Azawad de la mise en application de l’accord d’Alger malgré la volonté des autorités de transition qui ont déployé de nombreux efforts pour la mise en œuvre de l’Accord, qui demeure le cadre de référence pour une paix et une stabilité durable au Mali
Nous vous proposons en in extenso la lettre pour comprendre les inquiétudes du gouvernement de transition par rapport à la CMA.
‘’ Au nom du Gouvernement de la République du Mali, je tiens à adresser nos remerciements au Gouvernement de la République Algérienne Démocratique et Populaire pour le rôle crucial que votre pays, frère, ami et voisin du Mali, joue dans la stabilité du Mali et de la région du Sahel. Je vous réitère également ma gratitude pour votre implication personnelle en faveur de la paix durable dans mon pays.
Comme vous le savez, sous l’impulsion de Son Excellence Le Colonel Assimi GOITA, Président de la Transition, Chef de l’Etat, le Gouvernement de la République du Mali est attaché au processus de paix engagé depuis la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger.
A cet égard, le Gouvernement du Mali a déployé de nombreux efforts pour la mise en œuvre de l’Accord, qui demeure le cadre de référence pour une paix et une stabilité durable au Mali. L’engagement du Mali à mettre en œuvre l’Accord, s’est traduit à travers l’implication des mouvements signataires de l’Accord, dans la désignation du Président de la Transition, la nomination de leurs responsables au sein du Gouvernement et au sein du Conseil national de Transition, organe législatif de la Transition.
Ces responsables ont également été systématiquement consultés et associés à toutes les étapes majeures de la vie de la Nation, notamment les Concertations nationales, les Assises Nationales de la Refondation ; la rédaction du projet de nouvelle Constitution et sa finalisation en cours.
Ces mesures de confiance, qui renforcent le caractère participatif et consensuel de la Transition, matérialisent la vision du Chef de l’Etat, résolument attaché à la paix. Concourent de cette vision, le dialogue permanent avec les acteurs des mouvements, considérés comme des maliens à part entière et l’inscription de la mise en œuvre de l’Accord dans le Plan d’Action du Gouvernement (PAG).
Son Excellence Monsieur Ramtane LAMAMRA, Ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’Étranger de la République Algérienne Démocratique et Populaire Chef de file de la Médiation internationale
– ALGER-
L’engagement du Gouvernement se manifeste en outre par l’allocation de ressources budgétaires spécifiquement dédiées au développement des régions du Nord du Mali, notamment à travers le financement, sur ressources propres, du Fonds de développement durable (FDD).
Malgré cet engagement, force est de constater que certains mouvements, précisément ceux de la CMA, n’ont cessé de violer l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger. Les cas les plus récents de ces violations sont :
- L’installation d’États-Majors par certains mouvements armés dans le Gourmah en 2020-2021.
- La réouverture des postes de sécurité dans les Zones de Kidal, Gao, Ménaka et Tombouctou.
- La délivrance illégale d’autorisations de déplacement sur les sites d’orpaillage.
- L’installation et la mise en place de dispositifs de sécurisation sur les sites d’orpaillages illégaux de N’Tahaka (sud de Gao) et au Nord de Kidal.
- Le refus de recevoir les médecins en charge de la lutte contre la Covid-19. 6. Les actions entravant le fonctionnement optimal des Bataillons des Forces Armées Reconstituées (BATFAR).
- La conduite de patrouille TARTIT par des entités non reconnues (CSP-PSD) sans concertation, ni accord du Gouvernement (Kidal, Ménaka, Gao, Tombouctou, Taoudenni).
- L’occupation et l’organisation de rencontres à Anéfis. 9. L’opérationnalisation d’un tribunal islamique à Kidal et qui a déjà délibéré sur le cas de deux éléments du BATFAR de Kidal.
- La sécurisation de la ville de Kidal par le « CSMAK », et ce malgré la présence du BATFAR. 11. La collusion de plus en plus manifeste avec les groupes terroristes, en violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies, notamment les résolutions S/RES/2100 (2013) du 25 avril 2013, S/RES/2164 (2014) du 25 juin 2014, S/RES/2227(2015) du 29 juin 2015, qui, entre autres, <«< exigent de tous les groupes armés présents au Mali (…) qu’ils rompent tous liens avec des organisations terroristes >>.
Ces cas flagrants de violation de l’Accord sont d’autant plus préoccupants qu’ils n’ont donné lieu à aucune condamnation de la Médiation internationale et leurs auteurs n’ont jamais été rappelés à l’ordre. Il me plaît de rappeler que la Médiation internationale, en tant que garante politique de l’Accord et du respect de ses dispositions par les Parties, doit pleinement jouer son rôle pour sa mise en œuvre effective.
L’attitude de certains mouvements, suivie de l’absence de réaction de la médiation, jettent un discrédit sur cette dernière. Cette situation entrave les efforts inlassables de la Médiation internationale en vue de la paix et de la réconciliation au Mali, laissant ainsi se forger auprès des ennemis de la paix, un sentiment d’impunité.
Aussi, les structures chargées d’accompagner la mise en œuvre de l’Accord, notamment la MINUSMA, l’Observatoire indépendant et le Groupe d’experts international pour les sanctions concernant le Mali, n’ont jamais comblé les attentes. En effet, l’inaction du premier, le silence du deuxième sur les violations effectuées par certains mouvements ainsi que la propension du troisième à outrepasser son mandat posent la question de la pertinence de ces structures.
Fidèle à son double engagement de renforcer la sécurité sur l’ensemble du Territoire national et rétablir un ordre constitutionnel apaisé et sécurisé, le Chef de l’Etat n’a cessé d’équiper les forces armées et de sécurité, dont les succès opérationnels sont éloquents. Il a également validé un chronogramme réaliste comportant des réformes politiques et l’organisation des élections.
Je voudrais souligner que le comportement de certains mouvements constitue une entrave à la paix, à la sécurité, et au développement. Ces cas de violation empêchent la création d’un climat de sérénité nécessaire pour le retour à l’ordre constitutionnel. Dans le cadre de la Refondation du Mali, le respect de la souveraineté ; le respect des choix stratégiques et des choix de partenaires; et la prise en compte des intérêts vitaux du Peuple malien, sont les principes qui servent de boussole. Par conséquent, le Gouvernement mettra tout en œuvre pour atteindre ses objectifs, quel qu’en soient le prix et la forme, tout en respectant strictement les droits de l’homme, jusqu’à l’éradication du dernier terroriste ainsi que la sécurisation complète du Mali, afin que les populations puissent jouir des dividendes d’une paix tant attendue. Aussi, je voudrais attirer votre attention sur le fait que le Gouvernement, tout en restant attaché à la mise en œuvre intelligente de l’accord, rejettera d’office toute accusation qui serait de nature à le tenir responsable des éventuelles conséquences de sa violation. Je vous prie d’agréer, Excellence Monsieur le Ministre, l’assurance de ma haute et fraternelle considération.’’