Le 21 janvier dernier, Festival sur le Niger a organisé à Ségou, la rentrée diplomatique 2023. A cette occasion, notre ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a déroulé la politique diplomatique du Mali.
“Les Rentrées diplomatiques constituent traditionnellement l’occasion pour les ministères des Affaires étrangères de rappeler les grandes lignes de leur action extérieure et d’envisager les perspectives.
Le Mali a voulu cette Rentrée diplomatique, inédite dans notre pays, pour renforcer le cadre d’échanges avec nos partenaires et ouvrir un nouveau canal d’interaction qui servira à redynamiser le dialogue constant que nous avons (…)
Il s’agit pour l’outil diplomatique du Mali de mettre en œuvre la vision du chef de l’Etat, particulièrement dans sa dimension relative à l’encadrement des partenariats noués par notre pays, et désormais axés sur les priorités nationales et le respect des trois principes clés qui guident l’action publique au Mali et notre relation avec le monde extérieur ; à savoir : le respect de la souveraineté du Mali ; le respect des choix stratégiques et des choix de partenaires du Mali ; la prise en compte des intérêts vitaux du Peuple malien dans les décisions prises.
Cette démarche impulsée par les plus hautes autorités s’inscrit dans le cadre d’échanges francs et permanents, d’écoute mutuelle, de sincérité et de respect réciproque afin que la satisfaction des intérêts respectifs et des besoins vitaux de nos populations soit au cœur de notre action.
Comme vous le savez, la mise en œuvre de l’ambition du gouvernement de parvenir à la prise en charge des attentes légitimes des Maliennes et des Maliens est entravée par la persistance de la crise multiforme à laquelle la région du Sahel et particulièrement le Mali sont confrontés depuis 2012.
Les populations maliennes, particulièrement dans leurs franges vulnérables que constituent les femmes et les jeunes subissent, hélas, les impacts négatifs des nombreux défis que le gouvernement s’emploie à résoudre avec dignité et abnégation.
Le processus de paix et de développement dans lequel nous sommes engagés comporte des réponses de diverses natures. En effet, le Mali a très tôt compris que la seule réponse militaire, certes nécessaire, voire indispensable, ne suffirait pas à régler les défis auxquels nous faisons face.
Aussi, en complément aux aspects sécuritaires, le gouvernement renforce progressivement la dimension ‘soft power’ de son approche et, à cet égard, met un accent croissant sur la culture comme facteur de paix, de cohésion sociale et de renforcement de l’unité nationale.
Cette dynamique nous a ainsi fondés à placer la première édition de la Rentrée diplomatique sous le sceau de la complémentarité entre la diplomatie et la culture, en retenant le thème ‘Faire de la culture un outil d’influence au service de l’action extérieure du Mali’.
A travers cette thématique, le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, en étroite collaboration avec le ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme œuvre à valoriser le formidable potentiel offert par la diversité culturelle et la richesse du patrimoine malien.
Le Mali est ce pays qui a toujours été et reste ouvert au monde, un pays qui s’enrichit du brassage culturel et de la diversité.
Cette constance dans l’hospitalité et dans la volonté de se rapprocher davantage les uns des autres a été réaffirmée par les Maliens à la faveur des Assises nationales de la refondation, à l’issue desquelles, ce sont plus d’une douzaine de recommandations fortes qui ont été proposées pour le seul secteur de la culture.
C’est vous dire combien les Maliens ont à cœur de sauvegarder, de valoriser et de partager leur culture.
Le gouvernement est pleinement engagé à la réalisation de cette œuvre nationale. Pour sa part, l’outil diplomatique jouera toute sa partition, et à cet effet la présente Rentrée diplomatique est une étape du processus visant la codification de la diplomatie culturelle et sa mise en œuvre en tant que priorité de notre politique extérieure.
En effet, la réalisation des activités relatives à la valorisation de la culture, à la promotion de la destination Mali et à l’amélioration de l’image du pays, entre autres missions phares, fait déjà partie du corpus de missions que les structures centrales et extérieures du ministère des Affaires étrangères exécutent au quotidien.
Les réflexions ainsi que les partages d’expérience et de bonnes pratiques qui ponctueront nos échanges durant les travaux de la Rentrée diplomatique alimenteront le processus engagé par le gouvernement, en partenariat avec des opérateurs culturels et des personnalités de la société civile.
‘L’apport de la culture à l’économie est considérable’
Je n’ai aucun doute que les analyses pertinentes et les propositions concrètes nous permettront d’affiner l’articulation entre la diplomatie et la culture, notamment dans la dynamisation des secteurs culturels et créatifs, reconnus comme des atouts majeurs pour le renforcement de la structure économique.
L’apport de la culture à l’économie est considérable. Elle représente un levier essentiel du développement d’un pays en contribuant à sa stabilité, y compris à travers des emplois offerts à de nombreuses personnes qui échappent ainsi aux recrutements des groupes obscurantistes.
Je voudrais à cet égard, rappeler et partager la conviction de M. Mamou Daffé, fondateur du Festival sur le Niger, conviction selon laquelle ‘La culture est le plus grand trésor et la plus grande richesse qui demeurera après l’exploitation de toutes les autres richesses naturelles et minières’.
Je réitère au passage, mes sincères remerciements à M. Daffé pour avoir mis ce magnifique cadre et toutes les commodités nécessaires à notre disposition. Le Complexe Korè et les activités artistiques et culturelles majeures qui se tiennent à Ségou font partie de ces initiatives de l’industrie culturelle qui forcent le respect et constituent une source d’émulation.
La culture, prise dans sa dimension géopolitique, est une source d’identité et de cohésion des communautés et des peuples. Elle façonne de ce fait notre perception, notre compréhension et notre positionnement par rapport au monde extérieur dans ses dimensions politiques, diplomatiques, économiques et géostratégiques”.
Abdaoulaye Diop
Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale