Juste après le coup d’Etat contre feu l’ancien président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, la communauté internationale ainsi que les partis politiques du pays, ont exigé un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Les autorités en place, à leur tour, ont exprimé le besoin de procéder au préalable à certaines réformes politiques et institutionnelles au motif que le retour à l’ordre ne se fera pas seul et qu’il doit aussi se faire selon un calendrier bien déterminé devant aboutir à la mise en place d’un Président démocratiquement élu. Une première étape vient d’être franchie dans ce sens avec la tenue du référendum constitutionnel. Le hic demeure pourtant. A 7 mois de l’élection présidentielle, c’est le silence radio chez les partis politiques. Un silence qui ne se comprend pas.
En effet, à la demande des partenaires, le gouvernement de la transition, à travers le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, en collaboration avec le ministère de la Refondation de l’État, a présenté à la classe politique malienne un projet de chronogramme des différents scrutins ainsi que des réformes politiques et institutionnelles. Conforment à ce chronogramme initial, le scrutin du référendum devait avoir lieu au mois de mars 2023, la convocation du collège en février 2023, l’examen et l’adoption en mai 2023. Pour les élections des conseillers des collectivités territoriales, la convocation était prévue en mars 2023, la campagne électorale en juin 2023 et le déroulement du scrutin au même mois de juin. Le gouvernement avait proposé le mois de juillet 2023 pour les élections des députés dont la campagne électorale se déroulera en octobre 2023 et le scrutin du premier tour au même mois d’octobre tandis que le second tour est fixé pour le mois de novembre et la campagne électorale du second tour en novembre 2023. Pour l’élection du président de la République, le collège est convoqué en octobre 2023, la campagne électorale du premier tour et du second tour est fixée en février 2024.
Ce chronogramme a connu des modifications : le referendum initialement prévu pour le 29 mars 2023 s’est finalement tenu le 18 juin, avec plus 2 mois de retard. Le gouvernement de Transition avait justifié ce report par la ferme volonté des autorités de la Transition d’appliquer les recommandations des Assises Nationales de la Refondation (ANR), notamment la pleine opérationnalisation de l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE), à travers l’installation de ses antennes dans les 19 régions administratives du Mali et du District de Bamako, dans les plus brefs délais ainsi que la vulgarisation du projet de constitution. Ce report de la date du referendum a eu des répercussions sur le reste du calendrier puisque les dates prévues pour les autres scrutins sont déjà passés. Il s’agit des élections des députés, des conseillers des collectivités territoriales. Il risque aussi d’avoir des répercussions sur la tenue de l’élection du président, bien vrai que rien n’est encore officiel.
Le silence des partis politiques qui inquiète
Une démocratie ne peut se faire sans partis politique. Après la prise du pouvoir par les militaires, ce sont les partis politiques et la communauté internationale qui ont exigé le retour du pouvoir aux civils et le chronogramme a été établit à cet effet. Mais voilà, à quelques sept mois de l’élection du président, c’est le silence radio de la part des partis. Aucune déclaration de candidature, aucune intention. L’Adema-Pasj, la plus grande formation politique, qui avait annoncé son intention lors de la présentation des vœux du nouvel an, traîne les pieds. «L’année 2023, qui est une année électorale, s’annonce assez décisive pour notre pays et notre parti. Notre parti se prépare dans le cadre d’une plate-forme importante, en vue de gagner les élections, qui vont venir », avait déclaré le président du parti, Pr. Marimantia Diarra. Rien de concret n’est encore fait à la suite de la série de rencontre initié avec les leaders des partis politiques. Pour l’Union pour la République et la Démocratie (Urd), la guerre de positionnement s’est poursuivie jusqu’à la déchirure. Le grand parti légué par feu Soumaïla Cissé n’est plus. Même scénario au Rassemblement pour le Mali (RPM) de feu le président déchu, Ibrahima Boubacar Keïta. Dans les autres partis, La Codem de Housseini Amion Guido, FARE Anka Wuli de Modibo Sidibé, Yelema de Moussa Mara, CNID Faso Yiriwa Ton de Me Mountaga Tall, c’est le silence total. Les autres grands rassemblements politiques ne vivent que par leurs noms. Le M5-TFP volent en éclat, chacun défendant ses idées ou ses intérêts. Le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD) ne parle pas non plus. A ce point, on a tendance à se demander ce qui arrive à nos leaders politiques. Il est temps de se réveiller.
Zié Coulibaly
Source : Plume Libre