Depuis le départ de ses soldats du Mali, Paris semble décidée à faire de la question des droits de l’Homme son cheval de bataille contre les autorités maliennes. De son côté, Bamako dénonce une « instrumentalisation » de la question. Accusé à l’ONU, mercredi dernier, le Mali s’est défendu. Mieux, l’ambassadeur Issa Konfourou a souhaité que la France se rappelle de Bounty.
« L’Ambassadeur de France a une mémoire sélective » sur la question des droits de l’homme au Mali, a déclaré Issa Konfourou, ambassadeur du Mali à l’ONU. Il s’est exprimé, ce mercredi 12 avril à New York, à l’occasion de l’examen par le Conseil de Sécurité du rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur la situation au Mali. Selon Issa Konfourou, l’ambassadeur français « parle avec détermination » de la situation des droits de l’homme et souligne le cas de Moura.
Pourtant, a déclaré l’ambassadeur du Mali, le rapport de la Commission d’Enquête internationale sur le Mali avait consacré plusieurs paragraphes sur les violations des droits de l’Homme commises par les Forces françaises sur les populations maliennes. Issa Konfourou a rappelé qu’en janvier 2021, à Bounty, les Forces françaises ont transformé une célébration de mariage en deuil national au Mali. «J’aurais bien aimé, s’il n’avait pas la mémoire sélective, qu’il ait la même détermination à évoquer cela », plaide le diplomate malien auprès des membres du Conseil de sécurité.
Dans l’ambiance, l’Equateur qui avait emprunté les mêmes éléments de langage à la France a eu sa dose de « rappelle à l’ordre ». « J’ai entendu autour de cette table plusieurs interpellations, y compris de mon voisin de l’Equateur. Je voudrais dire ceci : le Mali a très peu de leçons, sinon pas du tout de leçon à recevoir d’un pays qui est également interpellé par rapport aux violations des droits de l’Homme. La liberté d’expression, la liberté de se réunir, les persécutions contre les journalistes, les persécutions contre les procureurs et les juges sont monnaie courante dans votre pays », a attaqué Issa Konfourou sans langue de bois.
Rougi par la réaction de son homologue du Mali, et sans doute surpris d’entendre du Diop sans Diop, l’ambassadeur de France contre-attaque. « Tout ce qui excessif est insignifiant », dit-il pour souligner l’acharnement de Bamako contre Paris. A en croire le diplomate français, sans l’intervention française en 2013, on ne parlerait pas aujourd’hui de souveraineté du Mali. L’ambassadeur français souligne l’ingratitude du Mali de Bamako en rappelant que 50 soldats français ont donné leur vie pour le Mali et pour « rien d’autre ».
Mamadou TOGOLA/maliweb.net