L’ex -numéro deux du régime IBK, marqué par la corruption, le traficotage des élections, ambitionne de se construire une nouvelle légitimité. Faut-il en rire ou en pleurer ?
La création du parti la Convergence soulève de nombreuses questions sur le devenir politique de l’ex-président de l’Assemblée nationale. En effet, les analystes s’interrogent sur la capacité de Moussa Timbiné à influer sur l’avenir politique du pays. Lui qui s’imaginait encore comme le « fils » du président IBK de son vivant ne devait-il pas perdre tout son pouvoir d’influence ?
Il est vrai qu’avant la chute du régime, il est parvenu à conserver un pouvoir considérable au détriment de sa famille politique qui ne l’avait pas choisi pour briguer le perchoir. Mais la recherche de son soutien était devenue un sésame inestimable pour qui voulait occuper des responsabilités au sein des structures de base du parti.
Si sa fonction passée et la controverse née de sa victoire aux législatives l’ont évidemment obligée à ne pas disparaître momentanément de la scène médiatique, c’est finalement dans les coulisses qu’il a œuvré principalement pour peser sur la marche du Rassemblement pour le Mali (RPM). Les relations forgées avec l’aide de son défunt mentor IBK lui ont permis de brasser un large panel d’hommes et de femmes qui lui assurent par leur amitié ou leur loyauté une capacité d’influence substantielle. Cependant, la construction et l’usage d’un réseau quoique jugé important ne lui a permis de prendre le dessus sur Bocary Tréta, président du Rassemblement pour le Mali (RPM) qu’il a finalement quitté avant de créer trois mois plus tard sa formation politique.
L’ambition et la quête de gloire deviennent des fins en soi. Cette manière d’agir, loin des leçons à tirer de l’insurrection populaire ayant conduit au renversement du régime, semble-t-elle condamnée à ne pas prospérer ? Ou Timbiné s’efforce plutôt de ne pas disparaître complètement de la scène politique ? Comment construire sur des décombres, une nouvelle légitimité politique ?
Mal élu et ami des voluptueux
Le coup d’État a sonné le glas d’un régime à bout de souffle. Un régime marqué notamment par la corruption, la manipulation des résultats électoraux, et qui a donné plutôt l’impression que tout cela ne finira jamais et qu’une poignée de profiteurs a sacrifié l’intérêt général à son enrichissement scandaleux. Au point qu’une part croissante de la population se demandait si, finalement, la démocratie était un système politique viable.
Les fils du président sont, et cela se sait, des voluptueux : il aime les jolies femmes, l’argent, le luxe, ils sont de nouveaux riches et ils ne s’en cachent pas. Karim Keïta est partie prenante dans des affaires financières louches. Et Moussa Timbiné, mal élu, ne se privait point de revendiquer ouvertement son amitié.
Le peuple est scandalisé : la république ne peut vivre que dans la vertu. Or il n’y en a plus. Toutes les solutions de remplacement ont échoué et le régime était de plus en plus impopulaire. Puis est né et a grandi le sentiment que les militaires sont désormais plus capables que les civils de ramener l’ordre, la sécurité – dans un pays en proie aux attaques terroristes – et d’installer un gouvernement efficace.
Les Maliens ont-ils la mémoire courte pour échouer de nouveau entre des mains incertaines? Le rêve n’est interdit sous aucun ciel. Les dents de candidats mal avisés pourraient rester sur le carrelage au soir de la proclamation des résultats de la présidentielle.
Fanfan