Nos sources sont formelles : les activités de la compagnie minière canadienne B2Gold sur le terrain, à Fékola dans le cercle de Kéniéba, relèvent des dysfonctionnements et des irrégularités criardes dans la mise en œuvre des normes environnementales qu’elle a signée.
À en croire des informations qui nous parviennent du site minier de la compagnie minière B2Gold dans la localité de Fékola dans le cercle de Kéniéba, cette société canadienne utilise des bassins de solution cyanurée non totalement couverts. Cependant, nos interlocuteurs expliquent que dans le processus de traitement du minerai par la Société, l’eau contenant du cyanure séjourne dans des bassins de solution avant d’être pompée vers une série de colonnes de carbone pour le captage de l’or. Afin d’empêcher l’accès à cette eau cyanurée par les oiseaux, la compagnie utiliserait des boules en plastique pour couvrir la surface de ces plans d’eau. Cette méthode présente des défaillances dans la mesure où des poches non couvertes sont visibles et accessibles aux oiseaux. La non-couverture de la totalité des surfaces des bassins contenant de l’eau cyanurée constitue une menace pour la biodiversité.
Par ailleurs, nos sources révèlent que la compagnie minière B2Gold représenté au Mali par la société « Songhoï Ressources », a installé une centrale thermique ayant des cheminées non conformes. La disposition horizontale de ces cheminées ne permet pas le rejet des fumées dans l’atmosphère au-dessus du toit le plus haut de la zone et aucune de ces cheminées n’est équipée d’un système d’épuration de gaz.
En l’absence d’un tel dispositif, les concentrations des particules émises dans l’atmosphère peuvent affecter dangereusement la santé humaine et animale.
Aussi, nos interlocuteurs ajoutent que la société minière B2Gold utilise un centre d’enfouissement des déchets solides qui n’est pas conforme. En effet, dans la décharge de B2Gold à Fékola, les déchets solides sont déversés et empilés sans tri préalable. Les déchets en vrac sont juste recouverts par une couche de latérite. Et aucune disposition n’est prise pour permettre des traitements spécifiques à chaque catégorie de déchets solides. Ce non-respect de la réglementation peut porter atteinte à la santé humaine et animale tout en affectant dangereusement le milieu naturel.
Si en réalité, le ministre Modibo Koné en charge de l’Environnement, veut aller loin sur la feuille de route de la transition, il ferait mieux de tirer au clair, les violations environnementales en cours à la mine de B2Gold à Fékola. Sa crédibilité en dépend aussi, même si ces violations peuvent cacher d’autres affaires managées par des proches. Sauf s’il veut à l’instar de certains ses prédécesseurs devenir « sinistre » de l’Environnement.
En tout cas, au ministre Modibo Koné, vous avez un très bon dossier sur votre bureau. Déployez seulement les enquêteurs. Et vous pourrez donner raison aux médisants de la république.
Cyrille Coulibaly
………………………………………..
Production minière de B2Gold au Mali
Agonie et strangulation programmée des localités de Fékola et Madinanding
L’ouverture potentielle le 3 février 2018 d’une mine d’or de rang mondial par la société « Songhoï Resources SARL », filiale de la multinationale B2Gold du canadien Clive Thomas Johnson, PDG du groupe, sur les terres arables des villages de Fékola et Madinanding, dans le cercle de Kéniéba (région de Kayes) aura pour seule mérite de lessiver ces gisements de la vallée. L’enjeu majeur de l’investisseur est, avant tout, de prévenir l’épuisement de ses réserves en or, de diversifier son économie.
Quelles que soient les motivations rationnelles et les justifications politiques de la compagnie minière, son objectif n’est pas destiné à améliorer les conditions de vie locale: elle passe aux yeux des spécialistes pour un mal radical séduisant auquel on ne reconnaît nulle valeur utilitaire.
Fait aux mépris de toutes les règles de procédure (implication des populations…) ce projet, ne laisse apercevoir à l’horizon aucun bien social. C’est, ce fond communément admis qui motive la révolte, l’accueil hostile, résolu à dégager de la localité tout ce qui l’encombre, l’agonise.
Une estimation des effets effroyables de la crucifixion, à double tranchant, révèle :
- La disparition des zones de pâturage : ce goulet d’étranglement qui enserrera les localités de Fékola et de Madinanding par son harnachement déréglera le secteur pastoral.
- Un chaos sanitaire incontrôlable en raison des maladies consubstantielles à de telles activités. On assistera à un deuil qui frappe une commune qui n’aura rien inscrit sous l’égide du développement durable. Fékola et Madinanding entreront dans une phase de cumul de vulnérabilité à laquelle il ne faut jamais se résigner.
La compagnie canadienne viendrait porter un coup meurtrier à des localités irrémédiablement condamnées, en tout cas appelées à sombrer dans un abîme aux conséquences douloureuses.
L’effet si provocant de l’investissement suscite de l’emportement passionnée des propriétaires de la terre convoitée ; mais, l’investisseur Canadien n’a pas l’intention de repartir : il a déjà débloqué de l’argent qui le rend propriétaire du domaine si bien que désormais il tient à préserver son acquisition.
Les intellectuelles avaient lancé le signal de détresse, déclenché l’alarme. La réaction est à la hauteur de la menace. Elle est advenue à la suite de l’accès à la façade véritable de « l’édifice » dont l’indigence conceptuelle est liée à la trame politique du pays. L’opiniâtreté de l’administration sur cette question qui récidive exaspère tout le monde et soulève simultanément une interrogation anxiogène : a-t-elle déjà reçu sa prime de signature ?
Tout laisse supposer que les prêtres de l’administration, les forces politiques peaufinent leurs plans pour éluder les problèmes qui guettent. Ils s’efforcent de rester impassibles mais ils ont déjà formulé leur approbation.
Leur silence s’explique-t-il probablement par une posture double-foyer qui rend complice ? Une dégradation morale en échange d’une gratification matérielle aussi simple qu’un poste est un domptage qui ne sert pas nos communautés ! L’habitude politique traditionnelle de réussite, de promotion d’intérêt personnel font école.
Mais si on veut être un homme honnête désireux de garder le sens du tribunal de l’histoire, de sa valeur intellectuelle, force est de rester à distance des implications du système des non-dits mis en place. Le traitement confidentiel de cet affairisme fructueux mal réfléchi se fait, à coup sûr, à l’encontre des localités maliennes de Fékola et Madinanding dans le cercle de Kéniéba.
Il faut des raisons rationnelles de penser qu’il y aura une délégation de Co-regionnaires qui s’efforcera d’extorquer aux habitants de Fékola et de Madinanding des concessions : Il faut se montrer sceptique à l’égard de ces émissaires. Leur apologie zélée du projet Canadien ne serait que bouclier protecteur des postes politiques.
Il faut craindre d’y trouver des inexactitudes. Placés entre les exigences amorales de la politique et le souci d’épargner leurs proches du risque sanitaire, nos leaders politiques se trouvent dans une posture incommode où les positions ne sont pas faciles à prendre. Il faut comprendre cette passivité ! Mais la terre constitue la force réelle des localités de Fékola et de Madinanding! Devons-nous plaire ou mettre en déroute toute velléité de s’en accaparer ?