Des Haut gradés de l’armée nigérienne conduite par le Chef d’Etat-major des Armées, ont séjourné, la semaine dernière, à Bamako où ils ont rencontré leurs homologues maliens. Au menu des échanges : la perspective de voir les deux pays coopérer militairement pour lutter contre les Groupes armés terroristes qui infestent la zone des trois frontières. Une bonne initiative a priori. Car le Niger et le Mali partageant 800 kilomètres de frontières sont confrontés au même phénomène : le terrorisme transfrontalier. Mais au regard des relations diplomatiques devenues difficiles entre les deux pays, l’on pourrait aussi s’interroger sur l’opportunité d’une telle coopération.
En effet si les relations diplomatiques entre le Niger et le Mali se sont considérablement détériorées ces derniers temps, le président Bazoum et son ministre des Affaires étrangères n’en sont pas moins responsables en se donnant certaines libertés par rapport aux affaires intérieures du Mali. Faisant fi des règles de courtoisie diplomatique, ils n’ont pas souvent ménagé les autorités de la Transition malienne. Comme cela ne suffisait pas, le Niger a accueilli les soldats français de l’opération Barkhane que le Mali a chassés pour incompétence !
Notre pays, après quelques années d’expériences infructueuses, s’est retiré du G5 (l’organisation militaire qui regroupait cinq pays du Sahel luttant contre le terrorisme transfrontalier). La délégation militaire nigérienne souhaite-t-elle qu’il y fasse son come-back ? Si oui, comment établir une coopération sécuritaire entre le Mali et le Niger dans la lutte contre le terrorisme lorsque Niamey reste si dévoué à l’ancienne puissance coloniale qui n’est plus en sainteté à Bamako ? C’est en substance la problématique qui était au menu de l’audience qu’a accordée le président de la Transition, Colonel Assimi Goïta au Chef d’Etat-major des Armées du Niger, Général Mody Salifou. Lequel, officiellement, était venu transmettre au Chef de l’État du Mali les salutations amicales de son homologue du Niger, Mohamed Bazoum. La tension persistante qui prévaut entre les deux pays peut-elle se dissiper comme une baguette magique ? Certainement pas !
C’est une évidence : le Mali et le Niger partagent une longue frontière commune ; les deux pays sont confrontés au même défi sécuritaire, c’est-à-dire, la lutte contre le terrorisme transfrontalier. A cet effet, il est souhaitable, sinon nécessaire qu’ils mutualisent leurs efforts militaires pour une lutte efficiente. Mais pour autant n’est-ce pas suicidaire pour le Mali d’accepter la main tendue du Niger dans l’état actuel de leurs relations bilatérales ?
Une chose est que nos autorités se sont déclarées ouvertes à toute coopération bilatérale dans la lutte contre le terrorisme. Une autre chose voudrait que la sagesse prévale dans leur décision de traiter avec le Niger : un pays qui est, jusqu’à preuve du contraire, complice de la France. Il va donc de soi que le Mali manquerait de cohérence en partageant des renseignements militaires avec un tel pays !