En faisant asseoir la classe politique et la société civile autour d’une table en face de lui pour leur prêcher le langage de la vérité concernant cette Transition plutôt laborieuse, le Col Assimi Goïta peut réinstaurer la confiance et sceller les bases de la légalité constitutionnelle.
– maliweb.net – Le chef de la Transition malienne pourra-t-il sortir par la grande porte ? Le Colonel Assimi Goïta va-t-il surfer sur la popularité dont il jouit pour tenter ce que ses opposants appellent déjà « une volonté de confiscation du pouvoir » ? Des questions qui fusent depuis plusieurs semaines au sein de l’opinion publique et dans les salons feutrés de Bamako. Et les réponses à ces interrogations sont divergentes tout en laissant apparaître des appréhensions.
En effet, si pour les tenants du pouvoir de Transition, le Colonel Assimi Goïta doit prendre tout son temps (certains parlent de cinq ans voire plus) pour renforcer les actions de sécurisation du territoire et finir, le cas échéant, par se présenter comme candidat à la prochaine élection présidentielle, les opposants, se réclamant « démocrates » ne l’entendent pas de cette oreille. Et ce camp des détracteurs du pouvoir risque de se renforcer par les acteurs qui se déclarent de plus en plus opposés au projet de changement de la Constitution du pays.
C’est ainsi que depuis plusieurs semaines, la scène sociopolitique nationale est plus que marquée par les prises de positions autour du projet de référendum sur la nouvelle Constitution, dont le texte final vient d’être remis au chef de l’Etat, le Col Assimi Goïta. Et, avant même cette remise, certains acteurs politiques et de la société civile, dont des magistrats sont montés au créneau pour fustiger la volonté du chef de l’Etat de doter le pays d’une nouvelle Loi fondamentale. C’est le cas des tenants de l’Appel du 20 février pour sauver le Mali », qui exigent l’abandon du projet référendaire et la tenue dans les délais des élections générales pour remettre le pouvoir aux civils. Des leaders comme Housseini Amion Guindo dit Poulo, Issa Kaou Djim, Me Mohamed Ali Bathily, les magistrats Cheick Mohamed Chérif Koné, Dramane Diarra et d’autres, font partie de ce regroupement politique naissant, qui promet de se lancer dans « le combat » pour défendre ses positions. Certaines formations politiques et des organisations syndicales s’inscrivent dans cette dynamique de défiance du pouvoir militaire. Ce qui pourrait conduire à une radicalisation préjudiciable au déroulement serein du processus de transition. Que faire pour éviter des empoignades ?
Certains observateurs avertis de la scène politique conseillent au chef de la Transition de tenir compte de ces voix discordantes pour prendre des mesures d’apaisement et de rassemblement des forces vives. Celles-ci passent par exemple par une adresse du Col Assimi Goïta à la Nation, pour clarifier ses intentions. Ces dernières devraient exclure l’éventualité de sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Car, selon la Charte de la Transition et même l’esprit de toute transition, le dirigeant en chef ne doit pas être juge et partie.
Ainsi, le col Goïta peut convoquer les forces vives pour les rassurer sur sa non-candidature à l’élection présidentielle. Ce qui décrispera sûrement le microcosme. Ce qui peut l’aider à trouver un consensus nécessaire pour aller vers l’adoption de la nouvelle Constitution, les uns et les autres étant convaincus qu’il n’est pas l’auteur de réformes politiques dont il tirera profit pour rester au pouvoir. Car, nul n’ignore que si le chef de l’Etat se portait candidat, il l’emporterait, de façon transparente ou avec des fraudes de la machine administrative.
C’est donc au chef de l’Etat de mettre tout en œuvre pour déjouer les pièges de certains de ses partisans extrémistes qui pourraient l’induire en erreur. Il doit chercher à dénicher le consensus qui préserve sa popularité et peut lui permettre de sortir par la grande porte. Car, aucun sacrifice n’est de trop si cela doit préserver la sérénité de la Nation si fragilisée par la crise multidimensionnelle et confrontée à d’énormes défis. « Il appartient au président de la Transition de convoquer les forces vives de la Nation pour rendre la Transition plus inclusive en réorientant le programme de cette transition avec un gouvernement beaucoup plus inclusif et étoffé ». Telles sont les propositions d’un cadre politique, pour relancer cette période transitoire en perte de vitesse pour non-respect du chronogramme électoral préétabli.
En définitive, même si les prises de parole du chef de l’Etat sont rares, il est très attendu pour déjouer les éventuelles futures tempêtes sociopolitiques. Surtout qu’une Transition est avant tout un période de concertations et de consultations.