L’activisme diplomatique et verbal de l’Occident se brise contre le mur des magistrats africains qui, en tenant leurs assises dans nos murs, prouvent que le Mali est fréquentable.
« Mali isolé, graves violations des droits de l’Homme » : tels furent, ces deux dernières années, les termes usuels du diagnostic porté sur le Mali. Que ce diagnostic manquât de pertinence sans doute. Mais ce n’est pas la substance de l’erreur qui soulève les problèmes les plus irritants : c’est sa source, sa racine. A la vérité, il est déraisonnable d’attendre des puissances occidentales qu’elles consentent à vider de leur charge passionnantes les relations de type condescendant, néocolonial qu’elles entretiennent à l’égard des pays africains, singulièrement le Mali.
L’analyse des faits tend à montrer que la politique que la France, par exemple, mène en Afrique est frappée de stérilité. Ce phénomène tient à trois causes principales : aucun grand dessein n’inspire et ne sous-tend l’action de la France. Alors que des décennies ont connu de grandes idées inspiratrices – notamment la mondialisation, la réforme du F de la colonie française d’Afrique (CFA) qui sont à l’origine de grands débats en Afrique de l’ouest – la seule constance de Dupont est de maintenir presque les choses en l’état. Elle jette les amarres, en annonçant avec le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara la fin du FCFA tout en récupérant cette monnaie avec des filets. En vérité, l’on ne peut casser tout le sucre sur le dos des seuls officiels français. Les quatorze pays qui ont en partage cette monnaie tournent en rond. Leur cœur balance entre le CFA et l’Eco adopté par la Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) divisée sur les aspects techniques – arrimage ou non à l’Euro à un taux fixe.
Les pressions de l’opinion publique malienne en faveur du retrait de la zone franc voire de la CEDEAO sont désormais utilisées comme atouts par les autorités maliennes qui les traitent avec le plus parfait des mépris. Elles traduisent bien ce nouveau nationalisme qui tend à garder les mains libres et à éviter les organisations qui empêtrent.
Démenti cinglant
L’activisme diplomatique et verbal de la France couvre en fait un net recul qui ne fait qu’accentuer la présence d’autres partenaires. La Chine et la Russie dont la présence remonte loin dans le temps s’affirment de plus en plus, rejointes par l’Inde, l’Iran, la Turquie. Parce que la France parle beaucoup, mais ne sait pas écouter. Quitte à fomenter des rebellions, des coups d’Etat. Et à entrer rapidement dans le labyrinthe de ses « intérêts supérieurs » chaque fois que ses idées sont en porte-à-faux avec ses actions.
En somme, les difficultés, les malveillances et les complots qu’on nous oppose sont en fait le signe de notre ascension. Le Mali fait aujourd’hui la fierté de toute l’Afrique, parce résolu à se défaire du joue de la servitude. En tenant ses assises sous nos cieux, le Groupe régional africain de l’Union internationale des magistrats a voulu opposer le démenti le plus cinglant aux affirmations faisant état d’un isolement de notre pays et aux accusations de graves violations des droits de l’Homme. “La promotion des droits de l’Homme n’est pas un effet de mode, encore moins un concept importé dans cette vielle Nation, berceau des grands empires en Afrique de l’Ouest qui, depuis des siècles, a toujours été irriguée dans ses différentes composantes socio-culturelles, par un humanisme qui plonge ses racines dans des normes dont l’une des plus célèbres est la Charte du Mandé ou Charte de Kurukanfuga édictée lors de la fondation de l’Empire du Mali au XIIIème siècle en 1236”, a martelé le chef de l’Etat Assimi Goïta. Le Mali est fréquentable.