Après sa visite au Mali du 6 au 17 février dernier, l’Expert Indépendant sur la situation des Droits de l’Homme au Mali de l’ONU, Alioune Tine a convié la presse à la faveur d’un point de presse via visioconférence le mardi dans la matinée. L’objectif était de présenter les conclusions de sa visite au Mali. Il ressort de ces conclusions que les violations des droits de l’Homme et atteintes à ces droits documentées par la Minusma au cours du dernier trimestre de 2022 ont connu une baisse de 7,46%. Cependant, il déclare que l’augmentation de la violence et de l’impunité dans les localités du centre du pays reste préoccupante.
Natif du pays de la Teranga (Sénégal), Alioune Tine a pris ses fonctions d’expert indépendant sur la situation des droits de l’Homme au Mali le 1er mai 2018. Ainsi, ce mandat d’expert indépendant a été renouvelé par le Conseil des droits de l’Homme le 1er avril 2022 pour une période d’un an afin d’aider le Gouvernement du Mali dans ses actions de promotion et de protection des droits de l’Homme. Ainsi que dans la mise en œuvre des recommandations formulées dans les résolutions du Conseil.
C’est dans ce cadre qu’il a effectué le déplacement au Mali du 6 au 17 février 2023.Au terme de cette mission, il a tenu un point de presse le mardi 21 février dernier par vidéoconférence pour faire le bilan de cette visite. « Je me réjouis des progrès réalisés dans le processus de transition démocratique et de la légère baisse des violations des droits de l’Homme et des atteintes à ces droits documentées au cours du dernier trimestre de 2022 » a affirmé M. Tine.
Selon lui, Alors que le pays s’engage dans un processus électoral, un débat d’idées sur les programmes et les politiques doit être encouragé. Il a également fait savoir qu’il a rencontré des difficultés au cours de cette visite sur le sol malien : « Ma mission s’est déroulée dans un contexte tendu, marqué par le rétrécissement continu de l’espace civique, les attaques contre les défenseurs des droits humains et la société civile par des acteurs étatiques et non étatiques ». A rappeler que son arrivée a coïncidé avec la décision des autorités maliennes, le même jour, de déclarer ‘’persona non grata’’ le directeur de la Division des droits de l’Homme de la Minusma. « Pour la première fois, à notre arrivée à l’Aéroport de Bamako, mon assistant et moi avons fait l’objet d’une interpellation et d’un interrogatoire de la part d’officiers de police. Par la suite, j’ai protesté auprès des autorités qui ont exprimé leurs regrets. Malheureusement, ce climat lourd et malsain est entretenu par un groupe d’individus et d’organisations non étatiques qui menacent et jettent le discrédit sur la société civile et les Institutions Internationales et relèguent au second plan les progrès réalisés par le Mali » a estimé l’Expert Indépendant des Nations-Unies.
Aussi, dit-il être préoccupé par le rétrécissement de l’espace civique, de la liberté d’expression et d’association, et par l’aggravation de l’autocensure, comme l’illustrent les attaques contre les défenseurs des droits humains dénoncées par plusieurs acteurs, dont la Commission Nationale des droits de l’Homme du Mali. « J’ai moi-même fait l’objet d’attaques verbales sur les réseaux sociaux avant et pendant ma visite » a-t-il rapporté.
Dans son propos, M. Tine indique que les défenseurs des droits humains, les journalistes et les autres professionnels des médias ont évoqué des sujets tabous qu’ils n’osent plus aborder par peur des représailles des autorités maliennes de transition et de leurs partisans, notamment sur les réseaux sociaux. Avant d’ajouter que les violations des droits de l’Homme et atteintes à ces droits documentées par la Minusma au cours du dernier trimestre de 2022 ont connu une baisse de 7,46%. Toute chose qui lui a fait saluer l’adoption, le 1er février 2023, d’un projet de texte sur la création d’une Direction Nationale des droits de l’Homme. De même que les efforts en cours pour poursuivre en justice une centaine de personnes impliquées dans des atteintes aux droits humains liés à l’esclavage par ascendance.
Par ailleurs, au cours de sa visite, l’Expert Indépendant de l’ONU a rencontré les autorités de la Transition, la société civile et les associations de victimes, les ONG, les professionnels des médias, les partis politiques, les diplomates, l’Union africaine et les Nations unies. Et il présentera son rapport annuel au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU en mars prochain.