Le président se rend en Afrique centrale début mars. Il visitera le Gabon, l’Angola, le Congo Brazzaville et la République démocratique du Congo.
DIPLOMATIE – Laisser Barkhane derrière lui pour un partenariat redéfini avec l’Afrique. C’est l’objectif que se fixe Emmanuel Macron, qui entame une semaine importante sur le front international avec le continent.
Ce lundi 27 février, à 17 heures, le président français va prononcer un grand discours depuis l’Élysée pour définir les objectifs du déplacement de quatre jours qu’il effectue en Afrique centrale du 1er au 5 mars. C’est le deuxième déplacement en Afrique subsaharienne du président depuis sa réélection. Il s’était rendu au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau en juillet. Cette fois, quatre pays sont au programme : le Gabon, l’Angola, le Congo Brazzaville et la République démocratique du Congo.
« Faire vivre l’axe euroafricain »
Par ces visites, Emmanuel Macron entend « faire vivre l’axe euroafricain », dans une période de « conscience aiguë du risque de fragmentation du monde et du risque de fracture sous l’effet des conséquences de la guerre en Ukraine », a précisé l’Élysée à la presse, en amont de cette semaine.
Le 15 août, l’opération antiterroriste « Barkhane » au Mali prenait fin, laissant un fort sentiment anti-français et une influence russe de plus en plus prégnante. Le 23 février, le Mali faisait partie des quatre pays africains à s’opposer à la résolution de l’ONU visant à condamner l’agression russe en Ukraine. Le Gabon, qui sera visité par Emmanuel Macron, s’est abstenu. « Cela confirme tout l’intérêt de se parler parce que le but de la diplomatie, ce n’est pas d’aller parler uniquement avec ceux avec qui on est d’accord sur tout, mais aussi de se parler sur les grands enjeux stratégiques qui sont devant nous », a insisté la présidence française à ce propos.
Nouer des partenariats économiques, culturels, écologiques…
« Au moment où s’achève l’opération Barkhane et au moment où nous faisons évoluer notre dispositif sur le continent africain, c’est une fenêtre d’opportunité pour déployer un agenda pleinement partenarial », promet-on encore, alors qu’une large délégation de politiques, chefs d’entreprise ou scientifiques est annoncée aux côtés d’Emmanuel Macron.
Parmi les sujets à l’honneur dans ce déplacement et pour ce partenariat renouvelé : l’écologie, avec un sommet sur la forêt organisé à Libreville au Gabon les 1er et 2 mars. « Il n’y aura pas de victoire dans la lutte contre le changement climatique ou dans la préservation de la biodiversité sans le concours de l’Afrique », prévient l’Élysée qui se félicite de ce « One forest summit » auquel le ministre de l’Écologie Christophe Béchu participera côté français.
Autres enjeux : l’agriculture, « thème central » de la visite en Angola, la culture au centre des discussions à Brazzaville (République du Congo) et à Kinshasa (République démocratique du Congo), mais aussi les problématiques sécuritaires qui seront « replacées dans le cadre d’un partenariat plus large ».
Des attentes « énormes » sur le plan sécuritaire en RDC
C’est l’objectif de ce changement de « logiciel » ou de « posture » détaillé par l’Élysée que le président Macron aura à cœur de repréciser sur place et notamment sur la présence militaire moins conséquente qu’auparavant. « Ce déplacement a été conçu comme une illustration de la volonté du Président de la République d’aller au bout du changement de posture et au bout du changement de logiciel qu’il avait souhaité engager dès 2017 », explique-t-on au Palais.
« C’est bien beau tous ces partenariats, mais les attentes sont énormes d’abord au plan sécuritaire », répond auprès du HuffPost Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement de la République démocratique du Congo. « Les Congolais ne veulent aucune ambiguïté. Comment la paix peut-elle revenir à l’Est du pays ? Nous attendons une expression française sur le sujet », presse ce ministre en amont de la visite, alors que les tensions font rage avec le Rwanda voisin. Un sujet sera en filigrane de la visite, celui de contrer l’influence russe de plus en plus présente, comme en Afrique de l’Ouest.
Nouveau « logiciel » et nouvelle « posture »
Autre nouveauté revendiquée côté français, le fait de venir « en équipe » et non pas de faire de ce déplacement « un exercice solitaire du président », précise l’Élysée. D’abord avec cette délégation chargée de nouer de possibles partenariats, mais aussi par la présence de commissaires européens, notamment en République démocratique du Congo, comme le Français Thierry Breton, chargé du marché intérieur, et la Finlandaise Jutta Urpilainen, en charge des partenariats internationaux, qui assisteront aux échanges économiques.
Enfin, la volonté de « corriger l’impression d’abandon ou de négligence » de la France, notamment au Congo Brazzaville ou au Gabon, est revendiquée alors que « cela fait longtemps qu’un président de la République française ne s’est pas rendu dans ces pays ». L’Élysée met en avant « un signal de considération » et espère un partenariat « pas seulement avec les autorités, mais aussi avec les populations, les entrepreneurs de ces pays, les artistes, les personnes engagées ». Loin, très loin de l’opération Barkhane.