Alors que le Mali, la Guinée et le Burkina s’attendaient à la levée des sanctions de la CEDEAO qui pèsent sur eux, la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement a maintenu les sanctions existantes. Elle a également durci le ton par l’imposition de l’interdiction de voyager aux membres du gouvernement et autres hauts fonctionnaires des trois pays.
Les transitions au Burkina, en Guinée et au Mali ont été au cœur du Sommet Extraordinaire de Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de l’organisation, tenu le 18 février 2023, en marge de la 36ème Session Ordinaire de l’Assemblée de l’Union africaine à Addis-Abeba (Éthiopie). Au cœur du Sommet l’examen des progrès réalisés dans les processus de transition dans les trois pays ainsi que la demande conjointe par les trois pays de la levée des sanctions qui pèsent sur ces trois pays.
Selon les rapports des médiateurs, des avancées ont été constatées dans les processus de transition dans les trois pays. Au Mali, le processus est marqué par la mise en place d’un Mécanisme conjoint de suivi et d’évaluation du chronogramme de transition comprenant le gouvernement, la CEDEAO, l’UA, l’ONU, le Médiateur de la CEDEAO, un Comité de pilotage, et un Comité technique. En Guinée, il y a la signature de protocoles d’accord avec la CEDEAO sur la mise en place de mécanismes de suivi et d’évaluation du calendrier de transition. Mais, la Conférence s’inquiète de graves défis humanitaires et sécuritaires dans les trois pays, en particulier au Burkina et au Mali.
La CEDEAO a attiré l’attention des autorités de la transition guinéenne sur le chronogramme consolidé de transition de 24 mois couvrant les dix (10) domaines prioritaires élaborés conjointement avec elle. Ainsi, l’organisation sous-régionale demande le gouvernement de transition à « respecter l’esprit de l’accord signé le 21 octobre 2022 à Conakry concernant la mise en place du comité conjoint de suivi et d’évaluation, et de s’abstenir de toute action unilatérale à même de saper l’esprit de collaboration des deux côtés ».
Par ailleurs, la CEDEAO a exhorté impérativement les autorités guinéennes à mener un dialogue national inclusif avec l’ensemble des acteurs politiques et à garantir la sécurité et la liberté de tous les participants.
Aussi bien pour le Burkina Faso que pour la Guinée et le Mali, la CEDEAO a appelé les partenaires internationaux à mobiliser les ressources nécessaires pour compléter ses efforts et ceux des autorités nationales en vue de relever les défis socio-politiques, sécuritaires et humanitaires auxquels les pays sont confrontés.
Sanctions durcies
Quelques jours avant le sommet, soit le 10 février dernier, les Ministres des affaires étrangères des trois pays ont adressé une demande conjointe de levée des sanctions qui leur ont été imposées à la suite de leurs coups d’Etat respectifs. Cette demande est tombée dans les oreilles des sourds, du moins du côté de la CEDEAO. Les Chefs d’État et de gouvernement ont maintenu les sanctions existantes à l’encontre des trois pays et opté pour l’imposition d’une interdiction de voyager aux membres du gouvernement et autres hauts fonctionnaires des trois pays.
Puis, la Conférence a rejeté totalement les mesures unilatérales prises par les autorités de transition en Guinée, en ce qui concerne la mise en œuvre de la feuille de route de transition. Elle a réitéré la nécessité d’ouvrir l’espace politique à tous les acteurs des trois pays et d’assurer un dialogue politique inclusif. Aussi a-t-elle invité l’UA à l’appuyer dans l’application des sanctions.
Faut-il le rappeler, les trois pays ne participent pas jusqu’ici aux différentes réunions de la CEDEAO et de l’Union africaine.
D.C.A