Quel avenir pour la France dans ses anciennes colonies ? C’est la question que se posent les observateurs les plus avisés après l’irruption à peine surprenante de la Russie et le réveil brutal des cellules dormantes du nationalisme dans cette zone gardée jalousement par les pouvoirs français d’après indépendance. En effet, après plus d’un demi-siècle de présence sans partage sur cette partie de l’Afrique, la France est sur le point d’être détrônée, si ça n’est déjà fait. Et avec cette visite du chef de la diplomatie russe, rien ne sera plus comme avant au Sahel où des pays – dont le Mali – semblent avoir franchi le point de retour. Mais comment en est-on arrivé-là ? Tout semble parti d’une appréciation à géométrie variable de la France des quatre coups d’Etat survenus courant 2020, notamment au Mali, Tchad, Burkina-Faso et en Guinée. Alors que le fils d’Idriss Deby a été adoubé, les colonels putschistes du Mali n’ont eu droit qu’à des sanctions tous azimuts. Et au même moment, le colonel Doumbouya de la Guinée a été caressé dans le sens du poil, pour des raisons que seul Paris peut expliquer. Quant au Burkina-Faso, sans bénéficier les mêmes traitements réservés au Tchad et à la Guinée, il a été épargné de sanctions, du moins de l’ampleur de celles qu’à connues son voisin le Mali après son deuxième putsch dit de rectification de la Transition. Et, pour Bamako, les décisions de la Cedeao étaient dictées par la France.
À ces coups d’Etat s’ajoute le troisième mandat d’Alassane Dramane Ouattara, cautionné par la France, à en juger par ses séjours à l’Elysée depuis sa réélection controversée. Conséquences : dans la plupart des ex-colonies, le sentiment anti-français ne cesse de grandir au profit d’un partenariat avec la Russie. En tout cas, aux dires du ministre des Affaires Étrangères de la Russie en visite au Mali, son pays est prêt à apporter son aide à tous les pays de la sous-région qui en expriment le besoin.
Amidou Keita