Plus d’une vingtaine de civils ont été tués le 12 février dans de nouvelles attaques de miliciens en Ituri, province aurifère du nord-est de la République démocratique du Congo, selon de premières informations recueillies lundi par l’ONU et la société civile.
Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, a indiqué à New York que la milice Codeco avait, selon ces informations préliminaires, « tué au moins 20 civils et brûlé plusieurs maisons ». Les mêmes miliciens auraient aussi « endommagé des infrastructures médicales lors d’une série d’attaques contre des villages du territoire de Djugu« , a-t-il ajouté.
Le porte-parole du secrétaire général de l’ONU a également déploré le fait que certains habitants se méprennent sur le rôle de la mission onusienne ou développent un sentiment anti-Monusco proche de la haine, bloquant l’acheminement de l’aide humanitaire et le rétablissement des services essentiels et des soins de santé : »la mission de maintien de la paix poursuit son engagement à Goma avec diverses communautés et leaders locaux pour discuter de la situation sécuritaire et humanitaire dans la province, mais aussi des sentiments anti-MONUSCO, qui entravent l’accès aux communautés ayant besoin d’une assistance immédiate, notamment dans les zones autour de Kitchanga.«
Le HCR rapporte que « le 13 janvier 2023, une attaque qui aurait été menée par le groupe armé CODECO dans les villages de Nyamamba et Mbogi (territoire de Djugu, province de l’Ituri), aurait entraîné l’exécution sommaire d’au moins 49 civils (31 hommes, six enfants et 12 femmes). Quelques jours plus tard, deux charniers contenant respectivement les corps de 42 et de sept civils ont été découverts aux mêmes endroits. »
Le porte-parole du secrétaire général de l’ONU a également évoqué des attaques de deux villages dans un autre territoire de la province attribuées aux ADF (Forces démocratiques alliées), milice présentée par le groupe djihadiste Etat islamique comme sa branche en Afrique centrale.
Ces attaques dans le territoire d’Irumu auraient fait au moins 12 morts, bilan que des sources locales n’étaient pas en mesure de confirmer ce 13 février.
Depuis la fin de l’année dernière, les morts se comptent par dizaines presque chaque semaine en Ituri.
La Conseillère spéciale des Nations Unies pour la prévention du génocide, Alice Wairimu Nderitu alerte sur des informations faisant état de multiples attaques perpétrées contre des camps de personnes déplacées ainsi que sur l’utilisation systématique de la violence sexuelle comme arme de guerre. « L’impunité ne peut prévaloir. Lorsque de tels crimes odieux sont commis, les auteurs ne doivent jamais s’en tirer« , a-t-elle souligné. « La situation en Ituri reste extrêmement volatile. Si nous n’agissons pas rapidement, la région pourrait être engloutie dans des atrocités comme cela s’est produit dans le passé ».
Après une décennie d’accalmie, le conflit meurtrier dans la province entre Hema et Lendu a repris fin 2017, provoquant la fuite de plus d’un million et demi de personnes. En cinq ans, plusieurs milliers de civils ont été tués dans des attaques perpétrées principalement pour des motifs ethniques.
Les ADF, groupe armé d’origine ougandaise, sévissent quant à eux dans le sud de l’Ituri et le nord de la province voisine du Nord-Kivu.
L’est de la RDC est en proie aux violences de groupes armés depuis près de 30 ans.