Le représentant adjoint auprès des Nations unies, l’ambassadeur Richard Mill, trouve totalement inacceptable le refus des autorités maliennes à 237 demandes de vol de la Minusma. Pour lui, cela signifie, qu’à 237 reprises, le gouvernement de Transition a empêché la mission de dissuader et de répondre aux attaques, d’enquêter sur les allégations d’abus et de violations des droits de l’Homme, ou assurer la sécurité des convois en déplacement. C‘était lors de son intervention au Conseil de sécurité des Nations unies tenu le tenue 27 janvier 2023.
L’ambassadeur Richard Mill déplore le fait que le rapport du secrétaire général mentionne que les autorités maliennes ont refusé ou n’ont donné aucune réponse à 237 demandes de vol de la Minusma. Il dira que l’environnement opérationnel extrêmement instable de la Minusma est rendu plus dangereux par les restrictions que le gouvernement de Transition continue d’imposer à la mission.
Cependant, il demeure convaincu que c’est ce qui met inutilement en danger les soldats de la paix et les civils qu’ils cherchent à protéger. Il déplore que ces restrictions se produisent généralement là où les besoins de protection sont les plus nécessaires et qu’elles sont devenues un problème existentiel pour cette mission, et un peu une crise pour ce Conseil.
M.Richard demande au gouvernement de Transition de lever toutes les restrictions à l’encontre de la Minusma et de permettre à tout le personnel de la mission d’opérer librement en toute sécurité au service de son mandat. “Comme l’indique l’examen interne, le succès de la Minusma dépendra du soutien et de la coopération qu’elle recevra du gouvernement de Transition. Les obstructions continues au mandat et les violations flagrantes de l’Accord sur le statut des forces devraient forcer ce Conseil à reconsidérer sérieusement son soutien à la Minusma sous sa forme actuelle”, explique l’ambassadeur Richard.
Ces obstructions, à ses yeux, empêchent la communauté internationale de voir toute l’étendue des violations et abus des droits de l’Homme qui seraient perpétrés par des groupes extrémistes violents et par les Forces armées maliennes en partenariat avec les forces du groupe Wagner soutenues par le Kremlin. Cependant, le représentant adjoint exhorte le gouvernement de Transition à coopérer avec toutes les activités de la Minusma en matière de droits humains, en particulier pour les demandes d’accès aux sites d’atteintes et de violations présumées des droits humains, et pour que l’ONU fasse rapport en toute transparence sur les abus et violations présumés.
Il précise que la promotion et la protection des droits de l’Homme ne sont pas un agenda politique détenu par un ou quelques Etats membres, mais une tâche prioritaire que ce Conseil a autorisé la Minusma à mener à bien depuis le début de la mission. Par ailleurs, notre ambassadeur, salue les progrès réalisés par les autorités de Transition en matière de réforme électorale. “Le soutien de la Minusma à cet effort est indispensable et démontre que la mission reste vitale pour surmonter les nombreux défis complexes liés au renforcement des capacités électorales, à la sensibilisation, à l’inscription, à la mobilisation et à la sécurité sur le vaste territoire du Mali”, explique-t-il.
Il a tenu à souligner que les Etats-Unis continuent d’offrir leur plein soutien et leurs encouragements à la mission et à ceux qui, au sein du gouvernement de transition, s’efforcent de rétablir la démocratie, le régime civil et l’ordre constitutionnel.
Après avoir salué la reprise du comité de suivi de l’accord d’Alger à l’automne dernier, Richard Mill se dit profondément découragé de voir ces progrès annulés ces derniers mois. Pour lui, la réticence du gouvernement de transition à s’engager aux niveaux appropriés a conduit à un éclatement du processus de médiation, selon lequel les groupes armés signataires doivent négocier avec le groupe de médiation international sans la participation des autorités de transition. Il dira que la récente suspension de la participation des groupes armés signataires au comité de suivi est très préoccupante.
“Nous apportons tout notre soutien à la Minusma, au RSSG Wane et au gouvernement algérien pour relancer le processus de médiation. Nous appelons les autorités de Transition, les groupes armés signataires et les acteurs régionaux à faire preuve d’une volonté politique renouvelée en prenant des mesures immédiates pour reprendre les activités du comité de suivi”, laisse-t-il entendre.
Ibrahima Ndiaye