La Russie va occuper une “place primordiale” dans la lutte antiterroriste au Sahel, estime auprès de Sputnik une activiste malienne, dans le sillage de la visite du chef de la diplomatie russe à Bamako. Moscou est capable d’accorder de l’aide multidimensionnelle, selon une autre experte russe, qui décortique les fautes de Paris au Mali.
En visite à Bamako le 7 février, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a promis de l’aide aux pays du Sahel et du golfe de Guinée face aux djihadistes. Interrogées par Sputnik, des expertes dressent les perspectives de l’axe Moscou-Bamako non seulement dans le domaine militaire, mais également économique.
“Nous avons grand espoir que la Russie, dans les années à venir, occupe une place primordiale dans la lutte contre le terrorisme au Sahel”, soutient Samake Fatoumata Traoré, activiste du COREMA (Collectif pour la refondation du Mali).
Selon elle, la coopération militaro-technique entre la Russie et le Mali, en proie au terrorisme, donnera “des résultats concrets sur le terrain, notamment la neutralisation de beaucoup de sanctuaires djihadistes”.
De l’industrie automobile à la lutte contre la famine
Le chef de la diplomatie russe s’est également accordé avec son homologue malien sur l’élargissement du partenariat militaro-technique à d’autres domaines comme l’économie et le commerce, geste perçu avec enthousiasme par l’activiste malienne:
“Le fait d’aborder l’élargissement du partenariat à d’autres domaines est une bouffée d’oxygène pour le Mali”.
Ainsi, Sergueï Lavrov a décrit les domaines prometteurs dans les échanges économiques entre Moscou et Bamako: “minérales, exploration géologique, énergie, transports, agriculture”.
Interrogée par Sputnik, Natalia Piskounova, professeure en sciences politiques à l’Université de Moscou, analyse ces domaines prometteurs. Elle souligne que le Mali, tout comme d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest, est un “consommateur direct de céréales russes et de l’industrie automobile “.
Un autre volet éventuel de l’aide russe pourrait être les efforts pour surmonter les crises climatiques qui se traduisent par des épisodes de sécheresse et de famine, sans oublier la livraison éventuelle de vaccins.
“La visite au Mali peut être considérée comme une perspective plus large d’amplification de la présence russe dans toute la région de l’Afrique de l’Ouest”, développe-t-elle.
La coopération France-Mali ne répondait pas aux aspirations du peuple malien, a fait savoir le 7 février Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères, lors de sa conférence de presse conjointe avec Sergueï Lavrov.
“La présence de la France au Mali a été surtout caractérisée par la mise de côté des cadres locaux dans la gestion économique du pays”, pointe Natalia Piskounova.
Ensuite, la politique française au Mali a été axée sur la création d’un État concentré sur les exportations et dépendant des ressources. “Une telle politique a été menée non seulement pendant la période coloniale, mais aussi après l’indépendance du Mali”, poursuit-elle.
Enfin, le Mali a été perçu par Paris comme un État “de transit”, c’est pourquoi “les entreprises françaises n’ont pas investi massivement dans le développement de l’industrie et des services”. Cela a entraîné l’absence d’un “scénario d’administration publique durable”.