Conscient de la volonté de coalition des forces politiques contre ses ambitions électorales, le chef de la Transition malienne, le Col Assimi Goïta, ne se privera pas de « diviser pour régner » au sein de ce microcosme politique. Ce qu’il vient de faire avec la nomination de la commission de finalisation du texte de la future nouvelle Constitution.
Au fur et à mesure que la Transition malienne avance vers son terme, c’est-à-dire vers les élections, plus d’un observateur jure, la main sur le cœur, sur la volonté du chef de l’Etat de descendre dans l’arène politique. Ce qui veut dire que le président de la Transition, à l’instar de son homologue du Tchad, caresse le vœu discret de briguer le fauteuil présidentiel. Comment cela pourrait-il en être autrement, quand on sait l’engagement du Col Assimi Goïta pour refonder la gouvernance de la patrie ? N’a-t-il pas souligné qu’il est prêt à donner sa vie pour que le Mali devienne un pays digne des bases posées par les pères de indépendance ?
Après avoir affiché leur hostilité au projet référendaire, de nombreux acteurs politiques commencent à relativiser leurs positions, préférant évoquer une « démarche républicaine » pour « servir le Mali ». C’est ainsi que plusieurs hauts cadres politiques commencent à changer d’avis par rapport aux réformes politiques annoncés.
A titre d’exemple, certains leaders politiques avaient annoncé leur opposition à la réforme constitutionnelle initiée par le chef de l’Etat. Mais, suite à des discussions avec des acteurs proches du pouvoir, ils ont fini par accepter une révision à minima de la Constitution en vigueur. Puis, ils finissent par se dire disposés à apporter leurs contributions dans la rédaction du texte final à soumettre au référendum. N’est-ce pas dans ce lot que se trouvent des responsables politiques comme Amadou Koïta du parti PS Yelen Kura et Amadou Aya du parti CODEM, qui viennent d’être nommés au sein de la commission de finalisation du projet de nouvelle Constitution ? Cette nomination n’a-t-elle pas causé des remous de divergences au sein du regroupement politique des « opposants » à la transition, le Cadre des partis et regroupements politiques pour un retour à l’ordre constitutionnel ? Rien n’est moins sûr !
Ces démarches du pouvoir de transition auraient pour objectifs de diviser davantage les états-majors politiques et même des mouvements associatifs et syndicaux en vue de les fragiliser. Ce qui aura pour conséquences de débaucher en leur sein des acteurs plus disposés à se rallier aux forces de soutien aux autorités de la transition, dans la perspective d’un remodelage du leadership politique du pays.
En effet, en vue de faire prévaloir les ambitions à briguer des postes électifs, comme ceux de députés et du président de la République, le pouvoir de Transition du Col Assimi Goïta est visiblement en quête d’alliés aguerris et éventuellement déçus venant de l’ancienne classe politique. Quelle stratégie alors mieux que le diviser pour régner et débaucher ? C’est cette dynamique qui incite les inconditionnels du pouvoir actuel à ne ménager aucun effort pour diviser des partis d’envergure, comme le RPM de feu IBK, l’URD de feu Soumaïla Cissé et, certainement, « récupérer » certains pions de l’ADEMA-PASJ associés à la gestion du pouvoir de transition. Ce qui fera, assurent les concepteurs de la démarche, reconstituer un nouvel appareil politico-associatif pouvant aider l’actuel occupant du palais présidentiel de Koulouba à se lancer dans la bataille électorale. Cela passera d’abord par le référendum de mars ou avril prochain, ensuite par les élections générales de l’année prochaine.
En clair, les hommes forts du pouvoir actuel sont conscients qu’avec une classe politique soudée et déterminée, ils auront des difficultés d’atteindre leurs objectifs de demeurer dans la haute sphère de l’Etat après cette transition. Donc, tous les moyens sont bons pour prendre une longueur d’avance sur cette classe politique plutôt vieillissante et discréditée aux yeux de nombreux Maliens. Et, confie-t-on, le plus tôt sera le mieux !
Boubou SIDIBE