La France fait preuve de mépris envers l’Afrique en affirmant que le continent ne peut pas choisir lui-même son destin, déclare à Sputnik la militante panafricaniste Nathalie Yamb. Paris se sert de la Russie comme paravent de ses échecs, ajoute-t-elle.
La France, qui voit l’ombre du Kremlin derrière chaque contestation de sa présence en Afrique, fait preuve d’une arrogance peu commune, a déclaré à Sputnik la militante panafricaniste Nathalie Yamb.
Paris renoue avec son passé colonial, du temps où les leaders africains étaient tous taxés de communistes, pour les discréditer et obtenir la bénédiction de Washington, affirme l’activiste camerounaise. La France reprend cette rhétorique, qualifiant désormais de “marionnettes de Poutine” toute personnalité africaine revendiquant un droit à l’autodétermination.
“Cette attitude exprime le racisme, le mépris et l’arrogance que Paris éprouve envers les Africains. Elle consiste à affirmer que les Africains sont des sous-hommes incapables de penser par et pour eux-mêmes, et dont le destin est d’être manipulé soit par les Occidentaux, soit par les adversaires des Occidentaux”, affirme ainsi Nathalie Yamb.
Paris taxe encore ses adversaires de “russification” pour ne pas affronter ses propres échecs, en particulier en Afrique, déplore la militante. Une stratégie d’autant plus désespérée que la France est rentrée dans une période de “déclin” et ne pèse plus guère dans le concert des nations.
“Les Gilets jaunes sont dans la rue en France: c’est la faute de la Russie […] Les militaires français se montrent comme toujours incapables de gagner une guerre, cette fois-ci au Sahel: c’est la faute de la Russie. Les populations d’Afrique n’en peuvent plus de la barbarie et de l’arrogance congénitale de la France, établie à travers les montagnes de cadavres africains et de pillage éhonté de nos ressources: c’est la faute de la Russie”, ironise ainsi Nathalie Yamb.
Washington est d’un “culot ahurissant”
Une logique similaire est à l’œuvre outre-Atlantique, où Washington veut désormais sanctionner les pays africains soutenant “les activités russes malveillantes”. La loi HR7311, adoptée à une écrasante majorité à la Chambre des représentants, a été rédigée en ce sens.
Une drôle d’hypocrisie, selon Nathalie Yamb, alors que les États-Unis continuent eux-mêmes à commercer avec la Russie malgré le début du conflit en Ukraine.
“Oser adopter une telle loi, alors que les USA continuent allègrementde faire des affaires avec la Russie et d’y acheter les matériaux dont leur industrie ont besoin, est d’une mauvaise foi et d’un culot ahurissant […] Nous allons commercer, échanger avec les partenaires qui nous conviennent. Et si les États-Unis veulent en faire partie, il faudra qu’ils s’habituent à avoir de la compétition, à être les mieux-disants et à cesser leur ingérence insupportable”, explique-t-elle.
Ces stratégies occidentales sont vouées à l’échec, à l’heure où les pays africains sont de moins en moins enclins à se laisser “dominer et enchaînés par qui que ce soit”, conclut la militante.