Les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) ont été adoptés, en septembre 2015, par les 193 Etats membres des Nations Unies. Au Mali, la société civile a mis l’accent sur les six « ODD prioritaires » pour le développement parmi lesquels l’ODD 6 qui porte sur l’accès à l’Eau potable et l’Assainissement. A mi-parcours, quel est l’état de mise en œuvre de l’ODD 6 au Mali ?
« L’atteinte de l’ODD 6 est bien possible », se réjouit le Directeur national de l’Hydraulique, Djoouro Bocoum. Actuellement au Mali, souligne-t-il, le taux d’accès à l’eau potable est de 70% et 35% pour l’assainissement. « Pour atteindre l’ODD 6, nous avons une vision », a indiqué le directeur national de l’hydraulique. Et d’ajouter : « Nous savons le nombre d’infrastructures qu’il faut réaliser et nous savons le financement nécessaire dont nous avons besoin. Donc, le plus important est l’appui des partenaires techniques et financiers. »
L’optimisme du Directeur national de l’hydraulique est partagé, avec réserve, par Mamadou Keita, Chargé des politiques et du plaidoyer de l’ONG WaterAid. « Quand on voit ces chiffres de 70% et 35% pour l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, on est optimiste quant à l’atteinte de l’ODD 6 à l’horizon 2030 », a affirmé Mamadou Keita, de l’ONG WaterAid. Cependant, alerte Mamadou Keita, les défis à relever pour l’atteinte de l’objectif final sont énormes.
D’abord, explique-t-il, il faut opérationnaliser d’urgence les cadres de concertations et que ces cadres soient portés par les services techniques de l’Etat. Aux dires de Mamadou Keita, à ce jour, les concertations sur les différents ODD prioritaires se font au niveau des ONG elles-mêmes. Pourtant, détaille-t-il, le ministère des Affaires étrangères abrite un cadre de concertation qui ne fonctionne plus tout comme la sous-commission Eau, hygiène Assainissement de l’Assemblée nationale.
Initialement prévue en décembre dernier, l’adoption au niveau politique des Politiques nationales de l’eau et de l’assainissement n’a toujours pas lieu. « L’adoption de ces politiques nationales va permettre la mise en place de programmes en faveur de l’eau et de l’assainissement », explique Mamadou Keita comme étant l’un des défis à l’atteinte de l’accès de tous au service WASH. Ensuite, l’autre gros défi, selon lui, reste celui de la mobilisation des ressources financières.
Les recommandations de la société civile
« Le niveau de performance général des ODD est très faible au Mali », note le Rapport alternatif de la société civile malienne produit en juin 2022. Sur les six ODD prioritaires, le rapport constate un manque de transparence et de redevabilité sur la gestion de la mise en œuvre des ODD. Aussi, le rapport souligne que les mécanismes de suivi sont non opérationnels ou inefficaces dans l’ensemble. A partir de ces constats, le rapport alternatif de la société civile malienne fait des recommandations pour l’atteinte des ODD, notamment l’ODD 6.
Ainsi, la société civile recommande entre autres : l’« accélération du processus d’harmonisation des indicateurs et cibles des ODD avec ceux des politiques nationales »; faire en sorte qu’en plus du genre, l’équité et l’inclusion aient un ancrage institutionnel et opérationnel dans l’adoption des lois, politiques et programmes; la recherche des modes financement innovants pour soutenir financièrement la mise en œuvre des ODD.
Dans le cadre du partenariat Assainissement et Eau pour tous (SWA) le Mali s’est fixé l’objectif d’allouer 5% du budget national à l’eau et l’assainissement. « On est actuellement à 3,56 % du budget national alloué à l’eau et l’assainissement », remarque Boureima Tabalaba, Coordinateur de la Coalition Nationale – Campagne Internationale pour Eau, Hygiène et Assainissement (CN-CIEPA WASH). « La mise en œuvre des ODD nécessite des moyens financiers qui ne sont pas encore au rendez-vous pour pouvoir relever les défis », a ajouté le Coordinateur de la CN-CIEPA WASH, une organisation de la société civile.
Avec l’ODD 6, le Mali est près du but, reconnaît Mamadou Keita de WaterAid. Cependant, s’inquiète-t-il, depuis le début de la transition, les ressources financières sont prioritairement affectées à la sécurité. « Cela peut changer la donne pour l’atteinte de 100 % de taux d’accès à l’eau potable à l’horizon 2030 ». Au regard de l’échéance fixée par les Nations Unies il convient pour de mettre le pied sur l’accélérateur pour être au rendez-vous de 2030.
Mamadou TOGOLA