Dix civils ont été tués et six autres blessés dans le nord-ouest du Nigeria, victimes mercredi d’un bombardement de l’armée qui visait des jihadistes, ont indiqué jeudi les autorités locales.
Les raids visaient des jihadistes du groupe Lakurawa dans l’Etat du Sokoto, mais ont touché deux villages voisins, Gidan Bisa et Runtawa.
« Deux avions militaires ont mené des raids sur deux villages durant une opération contre les terroristes de Lakurawa près de la forêt de Surame vers 7h00 (06h00 GMT) », a indiqué Abubakar Muhammad, une responsable de l’administration locale, qui a assisté aux funérailles des victimes.
« Nous avons perdu dix personnes dans l’incident et six autres ont été blessées. Beaucoup d’habitations, du bétail et des silos à grains ont été détruits dans ces frappes aériennes », a-t-il ajouté.
Le gouverneur de l’Etat de Sokoto Ahmad Aliyu a lui aussi imputé les morts à un « un tir accidentel raté de l’armée nigériane », sans donner de bilan.
Il a précisé être en contact avec la hiérarchie militaire pour obtenir « une enquête approfondie », et posté des photos montrant au moins sept corps, du bétail estropié et des maisons en terre aux murs calcinés.
Un conseiller du président Bola Tinubu, après avoir parlé de « fake news » mercredi, a fait marche arrière.
« Je regrette profondément le malentendu que mes déclarations initiales ont pu causer », a déclaré Dada Olusegun sur le réseau social X, estimant que l’incident illustrait « les difficultés à rendre compte des opérations complexes où les civils et les bandits sont mélangés ».
Un porte-parole de l’armée nigériane a insisté sur le fait que les cibles visées étaient des jihadistes.
« Les cibles touchées étaient assurément identifiées pour leurs liens avec le groupe Lakurawa, ce qui renforce la justification de l’action militaire entreprise », a déclaré le lieutenant colonel Abubakar Abdullahi dans un communiqué
L’armée agit « sur la base de renseignements approfondis et de missions de reconnaissance pour assurer la précision et la protection de la vie des civils », a-t-il ajouté.
Ce n’est pas la première fois que l’armée au Nigeria fait des victimes civiles dans sa lutte contre les groupes criminels ou jihadistes.
Parmi les incidents les plus récents, une frappe aérienne a visé par erreur en décembre 2023 un rassemblement de fidèles musulmans à Tudun Biri (Etat de Kaduna, nord-ouest), faisant au moins 85 morts.
En septembre 2022, au moins 20 pêcheurs avaient été tués et plusieurs blessés par un tir militaire contre un camp jihadiste sur l’île de Kwatar Daban Masara, près du Lac Tchad, dans le nord-est du pays.