L’Europe tremble à l’idée que le futur président des États-Unis applique la même politique qu’avec la Chine ou le Mexique.
AUTOMOBILE – Les nuages gris s’amoncellent au-dessus du marché automobile mondial depuis l’élection de Donald Trump. Le mandat du républicain n’augure rien de bon pour le secteur, en témoigne ce mardi 26 novembre la situation du groupe automobile Stellantis, qui a dévissé à la Bourse de Paris. La cause : les déclarations de Donald Trump menaçant d’augmenter les droits de douane sur les produits venant de Chine mais aussi du Canada et du Mexique.
« Le 20 janvier, pour l’un de mes nombreux premiers décrets, je signerai tous les documents nécessaires pour imposer au Mexique et au Canada des droits de douane de 25 % sur TOUS les produits entrant aux États-Unis », a écrit le président élu Trump dans une publication sur son réseau Truth Social. Des décisions qu’il justifie par les crises liées aux opiacés et à l’immigration.
Dans un post séparé, Trump a annoncé une augmentation des taxes douanières de 10 %, qui vient s’ajouter à celles existant déjà et à celles supplémentaires qu’il pourrait encore décider, sur « tous les nombreux produits arrivant de Chine aux États-Unis ».
Les constructeurs dans le rouge sur les marchés européens
À la lumière de ces annonces, Stellantis pourrait ainsi revoir son projet de transfert de production de ses pick-up Ram vers des pays à plus faibles coûts, selon l’agence Bloomberg. « Stellantis serait le plus touché par les droits de douane sur le Mexique, parce que le groupe a importé 358 000 unités en 2023, c’est-à-dire environ 7 % de ses véhicules totaux et 85 % de ses importations et exportations », précise à Reuters la société Intermonte spécialisée dans l’investissement.
Il y a aussi « la crainte est que l’Europe soit aussi dans le lot, même si (Donald Trump) ne l’a pas encore mentionnée », souligne Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France interrogé par l’AFP.
Résultat, sur les marchés européens, les constructeurs européens et leurs sous-traitants voyaient rouge ce mardi matin. À la bourse de Paris, Renault perdait 0,53 % et l’équipementier Valeo cédait 2,57 % en milieu de matinée. Même chose à Francfort où Volkswagen lâchait 2,45 %, BMW 2,25 %, Porsche AG 2,56 %, Mercedes-Benz 2,06 % et Daimler Truck 4,71 % vers 10 h 15. Ambiance.
Et si Musk devenait le meilleur allié des Européens ?
Mais ce n’est pas la seule décision qui peut faire trembler les constructeurs européens. Donald Trump veut aussi mettre fin au bonus de 7 500 dollars à l’achat d’une voiture électrique aux États-Unis. Ce qui irait de pair avec sa volonté d’annuler l’imposition aux constructeurs de produire 67 % de véhicules électriques d’ici 2034 et assouplir les différentes normes d’émissions. Il a même dit vouloir interdire à certains États, comme la Californie, d’imposer leur propre réglementation plus stricte en la matière.
Mais s’il passe à l’acte, ces trois décisions du président Trump auraient un impact certes sur le développement de l’électrique face au thermique aux États-Unis, mais pas que. C’est à l’échelle mondiale, et donc en France également, que cela aurait des répercussions. Car notre voisin outre-Atlantique est le second marché mondial du secteur.
Face à cet énorme coup de frein américain, les constructeurs du pays et d’Europe pourraient vouloir rester le thermique encore un peu plus longtemps. Ainsi, le prix des véhicules ne baissera pas et pourrait même augmenter chez l’Oncle Sam, comme en Europe. Enfin, cela pourrait également menacer les emplois européens, ainsi qu’en France.
À moins que, comme le souligne Automobile Magazine, le patron de Tesla et membre du nouveau gouvernement de Trump, Elon Musk, ait son mot à dire sur la question…