Un tribunal indien a levé cette semaine, pour des raisons techniques, l’interdiction qui frappait en Inde le livre le plus controversé de l’écrivain Salman Rushdie, « Les versets sataniques », depuis sa publication en 1988.
Jugé blasphématoire par les islamistes, le best-seller mondial a valu en 1989 au romancier britannique d’origine indienne une fatwa de l’ayatollah iranien Rouhollah Khomeini, qui appelait à son assassinat.
Un mois à peine après sa sortie, le Premier ministre indien de l’époque, Rajiv Gandhi, avait interdit sa vente dans son pays, à la veille d’élections où il sollicitait le soutien de la minorité musulmane.
Le pays le plus peuplé de la planète (1,4 milliard d’habitants) compte 200 millions de musulmans.
Les « Versets sataniques » n’ont de fait jamais été mis en vente dans les librairies indiennes.
Mais cette semaine, un tribunal de la capitale New Delhi a annulé l’interdiction qui visait le roman, saisi par un lecteur qui souhaitait l’acheter.
Sans se prononcer sur ses motivations, les juges ont constaté qu’aucune des parties n’avaient pu produire de copie de la notification d’interdiction.
« Nous n’avons pas d’autre choix que de supposer que cette notification n’existe pas », ont-ils conclu dans leur décision, rendue publique cette semaine.
Aujourd’hui âgé de 77 ans, Salman Rushdie a vécu pendant de nombreuses sous protection et incognito pour échapper à la fatwa du dirigeant iranien.
En août 2022, il a été poignardé et grièvement blessé lors d’une conférence littéraire à New York par un jeune Américain d’origine libanaise soupçonné d’être un proche de l’Iran chiite.