“La crise sécuritaire nous fait perdre au moins 3 à 4 % de notre PIB en recettes”
Le ministre de l’Economie et des Finances, Alousséni Sanou et son homologue de l’Industrie et du Commerce étaient face à la presse, le mardi 22 novembre dernier, dans la salle de conférence du département de l’Industrie et du Commerce, pour parler de l’état d’évolution de la vie chère et les mesures prises par le gouvernement en vue de réduire les conséquences de l’inflation des prix des produits de première nécessité.
Selon les conférenciers, l’objectif de cette conférence de presse est d’informer l’opinion nationale et internationale sur les mesures prises par le gouvernement pour faire face à l’inflation des prix des produits sur les marchés. Dans son exposé, le ministre de l’Economie et des Finances a précisé que les questions liées à la cherté de la vie ont été les préoccupations centrales des plus hautes autorités du pays.
“C’est pour cela que dans la plupart des cas, nous avons anticipé pour apporter de réponses afin que le choc soit le moins ressenti par les ménages et surtout les ménages le plus vulnérables du pays. Il faut rappeler que le Mali se trouve dans un contexte très difficile lié aux différentes crises que nous avons connues depuis des années. Nous sommes dans une crise sécuritaire depuis 2012 et cette crise s’est exacerbée en 2018 et 2019 et il a fallu que le gouvernement s’engage dans une lutte implacable pour le retour de la sécurité dans notre pays. Vous n’êtes pas sans savoir que les investissements que nous sommes en train de réaliser en matière de défense, que ce soit en matière d’acquisition de matériels aériens, roulants, le recrutement, la formation et les opérations sur le terrain sont des investissements importants”, a-t-il expliqué.
Il a ajouté que dans le Plan d’action du gouvernement (Pag), validé par le Conseil national de transition (CNT), la lutte contre l’insécurité se trouve en bonne place. “Ces investissements impactent fortement sur la situation budgétaire du pays. La deuxième chose, c’est la crise de la Covid-19. Cette crise sanitaire a non seulement impacté sur le plan de la santé, mais également sur le plan économique.
Avec la Covid-19, la plupart des entreprises étrangères ont été obligées de fermer. Il y a des ports qui ont été fermés pendant un moment, c’est-à-dire la logistique du commerce mondial était devenue très chère. Un conteneur que nous avions à 3500 dollars est vendu aujourd’hui à 17 500 dollars. Dans le même temps, la Covid-19 a fait que des pays producteurs du sucre comme le Brésil et la Malaise, un grand producteur d’huile alimentaire ont vu leur production baissée d’environ 50 %. La Chine qui était un pays exportateur est devenue un pays importateur de ces produits, ce qui fait que les prix de ces denrées alimentaires ont fortement augmenté sur le marché mondial. Et le Mali n’échappe pas ce marché mondial parce que nous sommes obligés d’importer tous ces produits”, s’est-il défendu.
“Au-delà de ces crises sécuritaires, nous avons été confrontés à une crise institutionnelle qui a fait que la plupart des bailleurs de fonds sont partis. Aujourd’hui, nous sommes heureux de nous annoncer que la plupart de ces bailleurs de fonds sont de retour. Mais, il n’en demeure pas moins que ces appuis budgétaires sont très rares, alors c’est des appuis budgétaires généralement qui permettent à l’Etat d’équilibrer son budget afin de faire face à des dépenses comme les subventions aux coûts de la vie et d’autres dépenses. Alors, ce qui fait que nous avons un manque à gagner important que nous avons sur les recettes globales du budget”, a-t-il ajouté
Pour le patron du département de l’Economie et des Finances, la troisième crise qui a impacté fortement le Mali est la sanction économique que la Cédéao nous a imposée. “Cette crise a fait que pendant 6 mois nos fonds étaient bloqués à la banque centrale.
Le pays était fermé et nous n’avions pas accès à nos ressources et également seuls quelques produits étaient acceptés à l’import-export. Les conséquences de ces crises étaient très dramatiques, mais avec la bénédiction et l’accompagnement de tous les Maliens, nous avons pu tenir. L’autre crise que nous avons connue était la crise entre la Russie et l’Ukraine, cette crise a fait qu’aujourd’hui, le prix de beaucoup de denrées venant de ces pays comme le blé, les engrais et autre sont devenu très cher parce que l’accès de ces denrées sur le marché mondial est difficile”, a-t-il laissé entendre.
Concernant les dispositions et les stratégies mises en place par le gouvernement pour renforcer le pouvoir d’achat et diminuer l’impact de hausse des prix, Alousséni Sanou, indiquera que plusieurs mesures ont été prises par le gouvernement.
“Dans ce contexte, nous devrions faire face non seulement à une réduction drastique de nos recettes en sachant bien que la crise sécuritaire nous fait perdre au moins 3 à 4 % de notre PIB en recettes. Ne maîtrisant pas une grande partie de notre territoire, il va de soi que la douane ne peut pas percevoir le droit qu’il faut. Donc, nous avons un manque à gagner de l’époque de plus de 400 milliards de F CFA sur les frontières que nous ne maîtrisons pas. Aujourd’hui, Dieu, merci avec la sécurité qui est en train de venir dans ces frontières et progressivement, nous sommes en train de monter la pente.
Face à ces crises, il fallait que l’Etat puisse répondre aux besoins des populations. Il faut savoir que dans le même temps, il avait eu beaucoup de revendications salariales et là nous avons été obligés de voir ce que nous pouvons faire avec les partenaires sociaux pour permettre d’augmenter le pouvoir d’achat des salariés. Nous avons passé par une justice sociale avec nos partenaires sociaux ce qui nous a permis d’avoir une harmonisation de la grille salariale avec un impact annuel d’environ 200 milliards de F CFA pour permettre aux salariés d’avoir une augmentation afin de faire face aux différentes crises”, a-t-il indiqué.
“Au-delà des mesures qui visent à l’améliorer le niveau de revenu, il fallait également faire face à l’augmentation des grilles en essayant de déduire des subventions. C’est pourquoi nous avons continué à faire des subventions sur les produits de première nécessité. Il y a eu des subventions sur le riz en deux vagues, sur le sucre en deux vagues, sur le lait et l’huile alimentaire.
Par exemple : Entre 2021-2022, nous avons eu un manque à gagner de plus de 17 milliards de F CFA sur le riz. En 2022, nous avons eu un manque à gagner de plus 8 milliards sur le sucre. Sur le lait, nous avons un manque à gagner de plus de 3 milliards de F CFA et sur l’huile alimentaire, nous sommes à plus 1 milliard de F CFA. Par rapport aux produits pétroliers, entre 2021-2022, nous avons un manque à gagner de plus de 132 milliards de F CFA”, dira-t-il, ajoutant que l’Etat est en train de faire des efforts pour une amélioration de vie des populations.
Mahamadou Traoré