Le surpuissant Manchester City encourt de lourdes sanctions pour des malversations financières après l’arrivée des propriétaires émiratis en 2008, dans un combat juridique d’ampleur inédite avec la Premier League qui commence lundi dans le plus grand secret et devrait durer plusieurs semaines.
Les sanctions peuvent aller de la simple réprimande au coup de tonnerre que serait l’exclusion du championnat, en passant par le retrait de point(s), avec un risque de relégation en division inférieure. La commission disciplinaire indépendante, devant laquelle les deux parties auditionnent, peut aussi ordonner un sursis, si Man City réalise certaines actions correctrices.
En attendant, un grand mystère entoure ce « procès »: seul l’entraîneur du club six fois champion d’Angleterre en sept ans, Pep Guardiola, a évoqué vendredi sa tenue, la défense des « Citizens » devant faire face à un acte d’accusation lourd de 115 charges.
« Je suis heureux que ça commence lundi », a lancé le technicien qui tient les rênes de l’équipe depuis 2015. « Je sais qu’il y aura d’autres rumeurs, de nouveaux spécialistes des sanctions… » a ironisé le Catalan.
La Premier League, organisatrice du championnat le plus suivi au monde, estime que le club de Guardiola a sciemment contourné les règles financières imposées entre 2009 et 2018 pour doper ses ambitions sportives.
La bataille d’avocats – David Pannick mène la charge du côté de Manchester City – doit durer dix semaines, la décision pourrait n’intervenir qu’en janvier ou février 2025.
De nombreux médias britanniques ont surnommé « procès sportif du siècle » cette longue audition inédite et spectaculaire, où le nom des trois membres de la commission reste secret.
Le club a assuré dans un communiqué qu’il détenait « un ensemble complet de preuves irréfutables pour soutenir sa position » et « espér(e) que cette affaire sera réglée une fois pour toutes ».
– Cent quinze infractions –
Le cas des Citizens est inédit par l’ampleur des faits reprochés, mais plusieurs clubs de Premier League ont déjà écopé de sanctions récentes qui permettent de le mettre en perspective.
La saison dernière, Everton s’est vu retirer huit points au classement pour avoir enregistré des pertes supérieures au seuil autorisé par la Ligue anglaise.
City pourra faire appel d’une éventuelle sanction, mais en revanche aucun recours n’est permis auprès du Tribunal arbitral du sport, ce TAS qui avait invalidé la suspension de deux ans de toutes les compétitions européennes prononcée contre Manchester City, en 2020, pour non-respect des règles du fair-play financier de l’UEFA.
Si le club est sanctionné, ses adversaires malheureux dans la course au titre les années concernées par l’enquête, jusqu’en 2018, pourraient demander des compensations financières. Si la Premier League gagnait ce combat, elle pourrait donc se retrouver face à d’énormes frais…
Contre City, l’acte d’accusation contient 80 infractions financières (période 2009-2018) plus 35 manques supposés de coopération dans l’enquête. Sur la période, le club a été couronné trois fois champion (2012, 2014 et 2018), avant d’écraser ensuite la « PL » et de finir par remporter la Ligue des champions en 2023.
Selon la Premier League, City a enfreint le règlement de la Ligue exigeant la fourniture « en toute bonne foi » d' »informations financières exactes donnant une image fidèle de la situation financière du club ». L’enquête avait démarré dans la foulée des révélations des « football leaks ».
Le consortium Abu Dhabi United Group (ADUG), propriété du Cheikh Mansour, qui a racheté le club en 2008, est soupçonné d’avoir masqué des investissements financiers, par exemple en gonflant les recettes de sponsoring d’Etihad, la compagnie aérienne émiratie, partenaire principal du club avec son nom sur le maillot et donné au stade.
Le club est également soupçonné d’avoir versé des compléments de salaire non déclarés à certains joueurs et à un de ses anciens entraîneurs Roberto Mancini. Ce sont quelques unes des questions que doit débrouiller ce curieux « procès ».