« La montagne a accouché d’une très grosse souris », a déclaré Me Clédor Ciré Ly, à l’issue de la première journée d’audience du procès en appel de l’affaire Boffa-Bayotte, hier. De 26 personnes, on s’est retrouvé avec deux inculpés pour une affaire d’envergure nationale et internationale. Une affaire où des horreurs ont été vécues sur la scène de crime. Des horreurs ont été vécues par des personnes innocentes, des années de détention et leurs familles, selon l’avocat de la défense.
Pour Me Ly, ce dossier est une machination ourdie contre deux personnes. Un dossier qui relève de la manipulation d’éléments pour amener des personnes à avouer ou à s’auto-incriminer, avec l’utilisation de moyens techniques. Maitre Clédor Ciré Ly affirme que c’est « extrêmement grave ».
Selon l’avocat, ce qu’il y a à retenir est qu’au départ, « il y avait 26 personnes, pères de famille, qui avaient été arrêtées pendant pratiquement quatre ans ». Le juge d’instruction en a libéré neuf. Après jugement, 12 personnes ont été acquittées. Des personnes que le tribunal a déclarées auparavant détentrices d’armes et engoulées et qui avaient tué, mais que le juge a libérées pour absence de preuves totales, a rappelé l’avocat de la défense.
Au finish, quatre personnes vont être condamnées ; deux à perpétuité (le journaliste René Capain Bassène et Oumar Ampoye Bodian, membre de l’aile politique du MFDC) ; les deux autres à six mois de prison avec sursis pour détention illégale d’arme. Ce qui pousse Maitre Clédor Ciré Ly à affirmer que « la montagne a accouché d’une grosse souris ».
En effet, pour l’avocat des prévenus, le personnage clé, « celui qui a accusé tout le monde et revendiqué faire partie des réunions avant la tuerie, et avoir revendiqué être au courant et pouvoir certifier d’une planification en donnant des noms, cette personne fait partie des premiers qui ont eu un non-lieu ».
L’avocat de conclure qu’il n’y a pas de justice dans ce dossier. Il fulmine : « C’est une farce et une parodie ! » Car les enquêtes devaient trouver des boucs émissaires pour coincer ses clients. Ils en ont trouvé en utilisant un vieil homme malade et qui s’est accusé pour pouvoir accuser les autres, pour donner l’apparence d’une crédibilité et bénéficier d’un non-lieu », a souligné Me Clédor Ciré Ly, après la suspension d’audience.
Le procès a repris ce jeudi 25 juillet. L’épouse du journaliste René Capain Bassène, selon Me Ly, a souhaité être entendue, car ayant subi, selon l’avocat, des tortures, alors qu’elle avait un nourrisson de 2 mois.
Toutefois, l’avocat pense que les questions majeures des débats doivent montrer si René et Ampoye pouvaient être dans des conditions objectives pour donner des raisons de penser qu’ils pouvaient communiquer et se parler et créer une entente et association afin de perpétrer des horreurs. Mais aussi, établir les liens entre eux et César Atoute Badiate qui continue de négocier avec l’État du Sénégal, de s’asseoir avec des amiraux et généraux, libre de ses faits et gestes, alors qu’un mandat d’arrêt international est sur son dos. Ce procès de la tuerie de Boffa-Bayotte, « une vraie farce d’État ! », s’est exclamé Me Clédor Ciré Ly.