Le ministre nigérien du Pétrole, Mahaman Moustapha Barké, a fait une tournée dans l’Agadem pour s’assurer que les vannes étaient bien fermées.
La brouille entre le Niger et le Bénin s’accentue : depuis le 6 juin, le régime militaire de Niamey a fermé les vannes du pipeline qui achemine le pétrole du nord-est nigérien au port béninois de Sèmè-Kpodji, a annoncé la télévision publique nigérienne le 13 juin.
Les relations entre les deux voisins, tendues depuis le coup d’État militaire qui a renversé en juillet 2023 le président nigérien élu Mohamed Bazoum, se sont nettement envenimées ces dernières semaines. Le principal point d’achoppement concerne le refus du Niger de rouvrir sa frontière.
« Du 11 au 12 juin 2024 », le ministre nigérien du Pétrole, Mahaman Moustapha Barké, a séjourné dans l’Agadem (nord-est) « pour s’assurer de l’effectivité de la mise en œuvre des instructions du chef de l’État, le général Abdourahamane Tiani, relative à la fermeture totale des vannes du brut destiné à l’exportation » via le Bénin, a précisé la télévision publique Télé Sahel. À la station de Mélec, le ministre « a constaté que les vannes sont effectivement fermées ».
Au niveau des autres stations de Koulélé où le pétrole a continué à couler vers le Bénin même après les « mesures d’arrêt des vannes », le ministre « a exigé » leur fermeture immédiate. Des chaines, des cadenas et des scellés ont été posés sur toutes les vannes. « Quelque soit ce que cela va nous coûter, nous sommes prêts à assumer (les conséquences) », a-t-il déclaré devant des responsables nigériens et partenaires chinois des stations.
Ce pétrole est essentiel pour les économies des deux pays et pour l’entreprise chinoise Wapco qui l’exploite.
La semaine dernière, cinq ressortissants nigériens de Wapco-Niger ont été arrêtés au port de Sèmè-Kpodji, ce que Niamey a qualifié de kidnapping, assurant être prêt à « prendre toutes les dispositions pour obtenir la libération sans conditions de ses citoyens pris en otages ». Selon Niamey, cette équipe était en mission au Bénin pour contrôler le chargement de pétrole. La justice béninoise estime de son côté qu’au moins deux d’entre eux sont « des agents nigériens », entrés sur le site avec de faux badges. Les cinq personnes devaient être présentées à un procureur le 13 juin.
« On ne peut pas accepter d’être assis pendant que notre pétrole est en train d’être volé par d’autres personnes » parce que « nous ne sommes pas présents là où on doit le charger », a déploré Mahaman Moustapha Barké.
Niamey, qui après la levée des sanctions régionales imposées pendant plusieurs mois après le coup d’État avait rouvert sa frontière avec le Nigeria, refuse de rouvrir celle avec le Bénin. Le régime accuse son voisin d’abriter « des bases françaises » dans sa partie nord afin « d’entraîner des terroristes » qui voudraient déstabiliser le Niger, ce que la France comme le Bénin nient.
(Avec AFP)