Evincé manu-militari à la tête du parti Union pour la République et la démocratie, le camp Pr. Salikou Sanogo a livré sa part de vérité devant la presse, le week-end passé, par rapport à la procédure judiciaire qui divise les héritiers de feu Soumaïla Cissé sur la gestion de l’ex-parti de l’opposition malienne.
« Le parti URD traverse aussi ces temps-ci, la crise la plus grave depuis sa création », a introduit le Pr Salikou Sanogo devant un parterre de journalistes et de cadres de l’URD dont la veuve de Soumaïla Cissé. Avant son éviction à la tête du parti, il dit avoir entrepris avec d’autres camarades toutes les démarches tendant à contenir ladite crise à travers les principes et valeurs, mais en vain.
A l’origine de cette crise, explique Salikou Sanogo, les adhésions de l’ancien premier ministre, Boubou Cissé, et du ministre de l’économie des finances, Mamadou Igor Diarra. « Les ambitions présidentialistes de ces deux hommes allaient faire surface et introduire dans le fonctionnement du parti des pratiques aussi violentes que malsaines et contraires à tous les principes et à toutes les valeurs autour desquelles Soumaila Cissé et ses camarades ont fondé l’URD », a déclaré le conférencier qui a accusé ouvertement les deux personnalités de s’inscrire immédiatement dans une machination tendant à la modification des règles lors de l’appel à candidature pour la désignation du futur candidat du parti à l’élection présidentielle avortée de février 2022. « Ils pensaient pouvoir en imposer à tous : l’argent », accuse le Pr Salikou Sanogo. Avant de poursuivre que « le plan de ces camarades contestataires a consisté tout d’abord à tenter de provoquer un blocage au niveau des instances dirigeantes du parti afin de pousser à un changement de directoire en favorisant l’arrivée à la tête du parti de leurs hommes ». Ensuite, les réunions du Secrétariat Exécutif et du BEN se sont transformées en séances « d’invectives, de grossièretés et de contestations » au point que l’irréparable a failli se produire lors de la conférence nationale du parti.
Poursuivant avec son argumentation, le conférencier indique que les contestataires du bureau intérimaire ont convoqué une conférence extraordinaire en initiant une pétition pour atteindre le quorum prévu par les textes pour organiser des telles assises. « Pour arriver à leur fin, les initiateurs de cette pétition ont fait signer des personnes non-membres du BEN, au moins un membre du BEN décédé et ont utilisé la signature de plusieurs autres membres du BEN à leur insu », a révélé le conférencier. C’est dans ce climat de contestation que le 16 janvier 2022 un Congrès a été organisé au cours duquel le 14ème vice-président, Gouagnon Coulibaly a été choisi comme Président du parti tout en gardant sans changement le reste du bureau exécutif national. Constatant une violation des textes statutaires réglementaires du parti, une plainte a été déposée au 9ème cabinet du pôle économique et financier de Bamako pour faux et usage de faux par le juge d’instruction qui a aussitôt inculpé non détenus quatre hauts cadres du parti dont Gouagnon Coulibaly.
Salikou expulsé manu-militari
Parallèlement, Gouagnon Coulibaly a saisi le tribunal de grande instance de la commune 5 aux fins de confirmation de son élection en qualité de Président du parti. Le Pr. Salikou Sanogo explique que contre toute attente, la juridiction fait droit à sa demande, en annulant également les sanctions prises contre eux et en l’enjoignant de procéder à la passation de service au président issu de ce congrès du 16 janvier 2022. Idem pour la Cour d’appel.
Aujourd’hui, la défense de Salikou Sanogo conteste ce verdict de la Cour d’appel de Bamako et a introduit un pourvoi de cassation. « Deux des trois juges qui devaient trancher ce bicéphalisme au sein de l’URD n’ont pas pris part à la prise de décision de la Cour », dénonce Me Alassane Diop, qui a saisi le ministère de la justice aux fins d’ouverture d’une enquête de l’inspection de la justice. Pendant ce temps, déplore l’avocat, le Pr salikou Sanogo a été expulsé manu militari et installé de force Gouagnon Coulibaly. Le camp Salikou dit s’en remettre à la décision de la Cour Suprême et appelle, à travers Me Demba Traoré, à sauver l’héritage politique de feu Soumaïla Cissé peu importe la décision de la justice.
Siaka DAIMOUTENE