Avec plus de 200 tonnes d’or livrées au cours de ses deux décennies d’existence, Morila est l’une des mines les plus productives du Mali. Firefinch l’a acquise en 2020 avec pour objectif de redonner une nouvelle jeunesse à cet actif en fin de vie.
Au Mali, la mine d’or Morila passera finalement sous le contrôle de l’État. C’est du moins l’information donnée le 8 mai par son actuel propriétaire australien Firefinch qui annonce la vente de la mine à la Société de Recherche et d’Exploitation des Ressources Minérales du Mali (SOREM-SA) pour un dollar symbolique.
Cela marque la fin de l’ambitieux projet de Firefinch consistant à redonner une nouvelle jeunesse à la mine d’or Morila. Exploitée pendant deux décennies avec plus de 7,5 millions d’onces d’or livrées sur cette période, Morila a été rachetée en 2020 par Firefinch. La compagnie australienne a ensuite mis en place un plan pour exploiter la mine jusqu’en 2030, avant de se résoudre à vendre Morila, faute de liquidités pour soutenir les activités.
Notons que la vente de la mine à la SOREM s’inscrit dans la résolution d’un différend avec le gouvernement malien, impliquant Firefinch, Leo Lithium et le chinois Ganfeng Lithium. Selon l’accord, Ganfeng s’est engagé à verser 60 millions de dollars au gouvernement malien, au nom de Leo et de Firefinch. Selon Firefinch, Bamako a initialement opposé son véto au processus de vente de Morila et exigé que cette transaction fasse partie de la résolution d’un autre litige relatif à la première mine de lithium du Mali, Goulamina, propriété de Leo Lithium et Ganfeng.
Goulamina appartenait jusqu’en 2021 à Firefinch qui a créé Leo Lithium afin de confier son projet phare à une entité différente du propriétaire de la mine d’or Morila. Or, le gouvernement malien considère les deux sociétés comme une seule entité et juge irrégulier le transfert de titre minier ayant permis à Leo Lithium de prendre le contrôle de Goulamina, expliquent les deux compagnies australiennes.
« Toute conclusion selon laquelle les permis et licences de Goulamina sont invalides ou irréguliers aurait un impact négatif important sur Firefinch, compte tenu de la participation de 17,6 % de Firefinch dans Leo et de la participation de Leo dans Lithium du Mali SA [société malienne qui détient directement la mine Goulamina, Ndlr] », indique le communiqué de Firefinch qui justifie ainsi sa décision de signer l’accord de vente de Morila.
Notons que l’accord a aussi consacré la participation de l’Etat malien dans Goulamina à hauteur de 30% au plus, contre 20% au plus précédemment, ainsi que 5% pour les investisseurs locaux. Dans le cadre d’un accord séparé, Leo Lithium a aussi vendu sa participation à Ganfeng pour 342,7 millions de dollars.
Emiliano Tossou
Agence Ecofin